mardi 24 septembre 2013

Un enfant violé au parloir : "Il n'y a pas de surveillance stricte", estime un gardien de prison

DÉCRYPTAGE - Un garçon de 4 ans a été violé lors d'une visite au parloir de Toul. Les surveillants pénitentiaires ne se sont rendu compte de rien. Selon certains syndicalistes, les détenus bénéficient d'intimité lors des visites.
 
Devant un parloir de la prison de  Lille-Annœullin (illustration)
Devant un parloir de la prison de Lille-Annœullin (illustration)
 
Depuis lundi, les assises du Bas-Rhin jugent Lionel Barthélémy et sa compagne, Sabrina Bonner, pour viols répétés sur un petit garçon de 4 ans, le fils de l'accusée. Ces viols se sont notamment déroulés au parloir de la prison de Toul où Lionel Barthélémy était incarcéré depuis 2009 pour violences sur son ex-compagne. Selon les éléments de l'enquête, Sabrina Bonner aurait installé son fils à genoux sur une chaise puis elle lui aurait bandé les yeux avec son écharpe. Elle l'aurait ensuite maintenu avec ses bras pendant que Lionel Barthélémy violait l'enfant.


Les surveillants n'ont rien vu

Difficile, pourtant, de comprendre comment un tel acte a pu se produire au sein d'un établissement pénitentiaire sans éveiller les soupçons des surveillants pénitentiaires. De fait, ces derniers ne sont pas intervenus. Pis : ils n'ont rien constaté. Des sacs poubelles obstruaient la vitre du parloir.
Le parloir, ce n'est pas comme au cinéma avec deux personnes séparées par une vitre Régis Grava, secrétaire général de l'Union régionale UFAP de Paris
"Le parloir, ce n'est pas comme au cinéma avec deux personnes séparées par une vitre et qui parlent dans un téléphone", résume Régis Grava, secrétaire général de l'Union régionale UFAP de Paris et surveillant pénitentiaire à la prison de la Santé. "Les gens sont dans une pièce de 3 ou 4 m2. Il n'y a pas de surveillance stricte. Les agents font des passages et interpellent le détenu ou le visiteur quand il y a des gestes interdits. Ils ne doivent pas être debout par exemple", précise-t-il pour RTL.fr.

Les relations sexuelles interdites au parloir... en théorie

Les relations sexuelles font-elles partie de ces gestes proscrits ? Régis Grava répond par l'affirmative, réfutant toute tolérance à l'égard des visites conjugales. "Je sais que beaucoup de détenus prétendent le contraire et certains se vantent même d'avoir fait des enfants au parloir mais c'est prohibé. Il y a d'ailleurs de nombreux cas de coïts interrompus.", explique le surveillant pénitentiaire.
On achète la paix sociale en tolérant certaines choses David Daems, secrétaire national de FO pénitentiaire
"En théorie, les rapports sexuels sont interdits mais la surveillance n'est pas évidente : on doit contrôler sans passer pour des voyeurs", tempère David Daems, secrétaire national de FO pénitentiaire, interrogé par RTL.fr. "En pratique, notre hiérarchie autorise officieusement certaines pratiques. Il n'est pas rare que soient posés des filtres fumés sur les vitres des parloirs pour offrir un peu d'intimité. Ils achètent la paix sociale en tolérant certaines choses", poursuit-il. Selon lui, ces règles ne sont qu'orales, de sorte que rien ne puisse être reproché à la hiérarchie.

Me Yannick Peuplin, avocat de l'association Themis, représentant légal du petit garçon, envisage pourtant "d'assigner le centre de détention de Toul en responsabilité à la fin du procès aux assises". De leur côté, Lionel Barthélémy et Sabrina Bonner encourent 20 ans de prison. 

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