vendredi 11 octobre 2013

Meaux - Retour à la case prison

C'est un détenu qui connaît parfaitement le système carcéral. Il y a passé les 2/3 de sa vie.
 
 "Tombé" à 20 ans, René est resté 38 années derrière les barreaux. Placé en liberté conditionnelle l'an passé, il n'a pas respecté une interdiction. D'où son retour au centre pénitentiaire de Meaux.
 
Le centre pénitentiaire de Meaux.

Dans le jargon pénitentiaire, René* est un "auxi". Un auxiliaire, qui tous les matins fait le ménage dans la coursive, et tous les midis et soirs apporte le chariot des repas. Les arcanes de la prison n'ont plus de secret pour lui. En 38 ans de détention, ce quasi sexagénaire est passé par onze établissements pénitentiaires. Il trouve d'ailleurs le centre de détention de Meaux un peu strict.

Certes sa cellule est équipée d'une douche et il y vit seul**. Certes il dispose de la clé de cette cellule, dont la porte peut rester ouverte en journée. Mais la coursive, elle, est fermée, sauf pour les entrées et sorties d'activités à heures fixes. "Dans les autres centres de détention, explique René, un peu nostalgique, on peut aller jouer aux cartes, au foot, à la pétanque comme on veut".

"La détention m'a apaisé"

Malgré cela, malgré toutes ces années de prison, René semble serein. "La détention m'a apaisé". Il peste pourtant d'être toujours derrière les barreaux, alors qu'il avait bénéficié l'an passé d'un aménagement de peine. "J'étais bien reparti, j'avais du boulot, j'avais une femme, j'avais tout, j'ai même une fille de deux ans". Mais René s'est "fait prendre, dix jours avant la fin de [son] placement extérieur". Il a été surpris en train de boire dans un bar. La fréquentation de débit de boisson lui était interdite. Retour à la case prison. "J'assume", dit René.

En attente d'une éventuelle nouvelle libération conditionnelle en janvier prochain, il veut croire que cette fois, ça marchera. Lors d'une récente permission, son conseiller d'insertion et de probation l'a emmené au restaurant, à côté de gens qui buvaient de l'alcool. Test apparemment concluant. "Il m'aide à repartir dans la vie", dit René de son conseiller, "parce que moi dehors, je suis carrément perdu".

 * Son prénom a été modifié**Contrairement aux maisons d'arrêts qui  accueillent prévenus et condamnés à de petites peines ou en début de peine, les centres de détentions ne sont pas surpeuplés. Ils hébergent des condamnés en milieu ou fin de peine.

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