vendredi 24 janvier 2014

Vaucluse - les frères marseillais avaient défiguré le "caïd" de la prison

Le 23 mars 2010, la victime, un détenu carpentrassien, qui se trouvait dans un couloir au premier étage de la maison d'arrêt 2 du Pontet, a été victime d'une agression d'une "sauvagerie terrible", comme l'a souligné hier le conseil de la partie civile lors de l'audience correctionnelle d'Avignon qui jugeait ces faits.
 
Faits Divers - Justice - Vaucluse : les frères marseillais avaient défiguré le caïd de la prison
 
Pris à partie par trois autres détenus, il aura le visage tailladé avec une lame, occasionnant une blessure de quinze centimètres, du nez à l'oreille gauche, et une autre d'une dizaine de centimètres qui va du front à l'oreille gauche. Outre ces blessures qui ont nécessité 50 points de suture, ce détenu va être frappé à la bouche avec une visseuse-perceuse, ce qui va lui casser quatre dents ! Il parvient cependant à éloigner ses agresseurs en s'emparant de deux tournevis et d'une poêle.

Frédéric, un Marseillais âgé de 31 ans, expliquait hier au tribunal correctionnel d'Avignon que cette histoire n'entre pas dans une guerre entre Carpentrassiens et Marseillais. Son frère Alexandre, 29 ans, aurait été racketté par la victime qui voulait ses baskets offerts par leur mère pour son anniversaire. Alexandre, "terrorisé", qui "ne voulait plus descendre en promenade et aller au sport", aurait été, le 23 mars en plein après-midi, frappé par la victime qui "fait peur à tout le monde" .

La défense plaide la relaxe

Il a alors voulu se défendre et a répliqué avec l'aide de Jonathan, qui est décédé depuis. Frédéric serait intervenu pour les séparer et protéger son frère. "Une scène d'une sauvagerie inimaginable" au cours de laquelle "les coups sont portés avec une arme blanche au visage, ce qui n'est pas anodin", note la vice-procureure qui voit là une "réelle volonté de faire mal" et de "marquer l'autre pour qu'il n'oublie pas". Il est demandé à l'encontre des deux frères une peine de 4 ans de prison avec mandat de dépôt.
Me Simonin ne manque pas de s'étonner en préalable d'une scène surréaliste : "Ces détenus disposent de tout ce qu'il faut pour s'entretuer. Des objets coupants, des tournevis, une perceuse et d'autres armes par destination". L'avocat pointe ensuite la gestion de l'agression à la maison d'arrêt : "Rien n'a été fait pour retrouver d'éventuelles armes" et "les surveillants ont été plus soucieux d'isoler la victime et de le calmer que d'appréhender les soit disant agresseurs qui sont restés sagement dans leur coin".

Me Simonin, pour "éclairer le tribunal sur la personnalité de la victime", lit le courrier d'un surveillant au directeur de la prison l'avisant d'une "forte tension" en détention : "Des détenus veulent venger leur chef" et "une grande majorité silencieuse de victimes ont vu dans ce passage à l'acte une ouverture"... "Des hommes de main du caïd n'ont pu empêcher l'agression de leur leader et de nombreux détenus veulent en découdre", prévient le surveillant.

Au-delà du défaut évident de surveillance, "rien ne permet d'établir qui sont les auteurs des violences", plaide l'avocat qui déplore qu'aucune investigation n'ait eu lieu dans le cadre de l'instruction de ce dossier. "Ils ont été placés en garde à vue un an après, personne n'a rien vu, personne ne veut expliquer et on élabore une histoire qui n'a pas de fondation. Au déficit de preuve plutôt qu'au bénéfice du doute, vous relaxerez Frédéric et Alexandre".

Le tribunal, après délibéré, déclare les deux frères coupables et les condamne à la peine de 3 ans de prison. Il est décerné un mandat de dépôt à l'encontre de Frédéric et un mandat d'arrêt est délivré à l'encontre d'Alexandre absent aux débats.

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