samedi 22 février 2014

Belfort - il s'était évadé de la prison en sciant les barreaux

L’homme s’était évadé de la maison d’arrêt de Belfort « comme dans les films hollywoodiens ».
 
La maison d’arrêt de Belfort et sa promenade vues du ciel. Photo Xavier GORAU
 
De nos jours, un scénariste de cinéma proposerait une histoire telle que celle évoquée hier au tribunal correctionnel de Belfort, n’importe quel producteur lui aurait ri au nez. Les prisons ont appris des évasions précédentes et leur système de sécurité est à l’abri de toute tentative, lui aurait-on répliqué. On ne s’évade plus à l’ancienne, comme dans les années 50, mon brave !

Et pourtant

Dans la nuit du 5 au 6 avril 2009, une patrouille de police remarque un homme pressé dans une rue de Belfort. Il semble transpirer et regarde souvent derrière lui, comme s’il craignait d’être suivi. Lorsque les agents s’approchent, ils aperçoivent un autre individu, plus loin, qui prend de la distance et qui court plus vite. Le premier est interpellé. Le second parvient à fausser compagnie aux policiers. Tous deux se sont apparemment échappés de la maison d’arrêt de Belfort. En correctionnelle, le premier sera condamné le 6 janvier 2010 à 6 mois de prison ferme. Le second, évanoui dans la nature, écopera, par contumace, de 18 mois.

Récemment, la justice belge, le pays où l’évadé a trouvé refuge, a proposé de l’extrader. Pour se débarrasser d’un détenu un peu trop encombrant ? Toujours est-il que l’individu a accepté de revenir en France pour y être rejugé. Daniel Nitor a finalement comparu (enfin), hier à la barre du tribunal correctionnel Belfort.

Le prévenu roumain avait 22 ans à l’époque. Il en a 27 aujourd’hui. Dans un français très correct, il a répondu aux questions du tribunal avec calme et sincérité.

« Mais comment avez-vous fait pour vous évader de la maison d’arrêt ? », lui demande le président, Eric Thérolle. « Ça faisait deux mois que j’étais incarcéré avec quatre autres détenus et l’un d’eux, un Français, m’a proposé de m’évader avec lui. Il avait des amis à l’extérieur qui pouvaient nous aider. Alors, on a noué des draps, on les a laissés pendre dehors et on a remonté des lames. »

Ensuite, « on a scié les barreaux pendant un mois, le soir, en mettant la musique de la radio. A la fin, on a pris cinq draps, on les a noués et on est descendus en glissant jusque dans la rue. » Stupeur du tribunal. Qui n’en est qu’à sa première surprise.

Toujours avec beaucoup de maîtrise, Daniel Nitor raconte la suite de ses aventures. Après avoir franchi la frontière belge, il se fait à nouveau incarcérer pour une série de vols avec effraction qui lui valent 6 ans de prison.

Mais alors qu’il est en promenade avec les autres détenus à la maison d’arrêt d’Arlon, le 24 décembre 2009, il avise une petite fenêtre ouverte (un vasistas ?) au ras du sol, s’y faufile, grimpe sur le toit et saute dans la rue.

Entre Arsène Lupin, Joe Dalton et les Rapetout, le jeune Roumain forcerait presque l’admiration du tribunal si son casier judiciaire ne pesait pas si lourd : quatre condamnations par les juridictions de Bobigny, Paris, Vesoul et Amiens. Qui lui auront donné, malgré tout, l’opportunité de parfaire sa connaissance de la langue française.

Le tribunal correctionnel de Belfort a anéanti le jugement du 6 janvier 2010, qui condamnait Daniel Nitor à 18 mois de prison, pour le réduire à 6 mois ferme avec promesse d’aménagement de peine. La suite nous dira s’il tiendra la distance…

Est Républicain

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