mercredi 19 février 2014

CHÄLONS-EN-CHAMPAGNE - Accusé de « complicité de violence » sur un détenu, un surveillant relaxé en appel.

La cour d’appel de Reims vient de mettre un point final aux poursuites engagées contre un surveillant de la maison d’arrêt de Châlons-en-Champagne qu’un détenu avait accusé de « complicité de violence » lors d’une agression au sein de l’établissement pénitentiaire.
 
Les magistrats de la cour l’ont relaxé, confirmant ainsi le jugement rendu le 20 mars par les juges châlonnais (L’union du 22 mars).
 
Les faits remontent au 19 décembre 2012. D’origine africaine, un détenu avait fait l’objet d’injures raciales proférées depuis une cellule, à son passage dans les coursives. Il avait répondu par d’autres noms d’oiseau avant d’être reconduit dans ses quartiers.

L’incident aurait pu en rester là mais le jour même, le surveillant avait extrait le détenu pour l’amener dans la cellule de celui qui l’avait injurié. La confrontation entre les deux hommes tournait au vinaigre, l’outragé assénant plusieurs coups à l’outrageant (ce qui valut au premier une peine de deux mois ferme).

Témoignage mensonger

En permettant la mise en contact des deux protagonistes, le surveillant a commis « un manquement caractérisé à la discipline », estime la cour d’appel. Une faute professionnelle, certes, mais en elle-même non répréhensible pénalement. Fonctionnaire de l’administration pénitentiaire depuis 13 ans, il aurait « juste cherché à régler calmement le différend », a-t-il expliqué, dans une volonté de médiation.

C’est le témoignage d’un codétenu qui a nourri les soupçons de « complicité de violence », à savoir que le gardien aurait conduit le prisonnier dans la cellule en sachant pertinemment que celui-ci allait régler son compte à l’auteur des outrages.

D’après ce témoin, avant que la porte ne soit ouverte, le détenu se serait posté à l’œilleton en déclarant « je vais te planter » alors que le surveillant « était juste à côté de lui ». Ce dernier dément.
Pour en avoir le cœur net, la cour d’appel de Reims a visionné en audience publique l’enregistrement vidéo de la coursive concernée (ce qui ne fut pas le cas en correctionnelle). Les images sont formelles : à aucun moment le détenu ne parle à l’œilleton avant d’entrer dans la cellule.

De plus, on le voit s’y diriger « tranquillement », « sans manifester, de manière expresse et déterminée, sa volonté de faire un mauvais sort » à la victime, « s’arrêtant même pour rajuster les bas de son pantalon ».

La cour relève enfin que deux autres codétenus présents dans la cellule confirment que les antagonistes avaient commencé à discuter avant d’en venir aux mains, ce qui contredit l’hypothèse d’une agression préméditée.

De tous ces éléments, les magistrats en ont tiré la conclusion qu’il convenait de relaxer le surveillant « au bénéfice du doute ». Celui-ci est suspendu de ses fonctions depuis le début de la procédure en décembre 2012, avec traitement diminué de moitié. Fort de cette relaxe confirmée en cour d’appel, son avocat, Me Mourad Benkoussa, annonce l’engagement d’une procédure pour que son client soit pleinement rétabli dans ses droits.

L'Union

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