mardi 25 mars 2014

Attaque d'un fourgon blindé à Mulhouse: Bernard Barresi joue l'acquittement à Nancy

Figure présumée du grand banditisme marseillais, Bernard Barresi, 51 ans, sera rejugé à partir de jeudi en appel devant les assises à Nancy, pour une affaire d’attaque de fourgon blindé vieille de 24 ans, qui lui avait valu une condamnation par contumace avant d’obtenir un spectaculaire acquittement en 2012.
 
L'attaque avait eu lieu en mars 1990 sur une bretelle de l'autoroute A-36, près de Mulhouse. Les braqueurs marseillais, dont Bernard Barresi, avaient emportés 34 des 40 millions de francs transportés par le fourgon. Un butin qui n'avait pas été retrouvé.

  Les jurés tenteront d’élucider les mystères de ce hold-up commis en 1990 à Illzach-Modenheim, près de Mulhouse, sur une bretelle de l’A36, réalisé de manière très professionnelle, sans tirer un coup de feu.

L’accusation tient pour principale charge la personnalité de Bernard Barresi, particulièrement sulfureuse en dépit d’un casier judiciaire toujours vierge.

Ce quinquagénaire d’1,75 m aux yeux bleus se présente comme un «petit voleur», qui admet tout juste des «bêtises» de jeunesse et du «travail au black» pendant sa cavale.

Car après sa condamnation par contumace à 20 ans en 1994 dans l’affaire du hold-up de Mulhouse, Bernard Barresi a pris la maquis, quand d’aucuns le disaient tantôt dans sa Corse natale, à Casablanca ou à Marseille.

La fratrie Barresi, réputée aussi puissante que crainte, s’est illustrée à plusieurs reprises devant la Justice, tout en affichant ses liens avec les notables de la Cannebière.

Franck, le benjamin, a été récemment mis en examen dans deux affaires distinctes, l’une pour extorsion de fonds, l’autre pour fraude à la TVA.

Début mars, Jean-Luc Barresi, agent de footballeurs, a pour sa part été condamné par la cour d’appel d’Aix-en-Provence à trois ans de prison, dont deux avec sursis, pour une affaire d’extorsion de fonds touchant à des sociétés du port autonome de Marseille.

Peu de preuves matérielle

Protégé pour les uns, ou simplement introuvable car la police ne disposait que d’une seule vieille photo pour les autres, Bernard Barresi aurait quant à lui mené grande vie pendant sa cavale, selon l’accusation, grâce au butin de l’A36 (34 millions de francs de l’époque, soit 5,2 millions d’euros, jamais retrouvés) blanchi dans les machines à sous.

C’est d’ailleurs dans cette affaire qu’il a été interpellé en 2010 à la faveur d’un coup de filet dans le milieu corso-marseillais, puis mis en examen.

Une deuxième information judiciaire le vise depuis l’année dernière: il est soupçonné d’avoir, durant sa fuite, exécuté des marchés publics de BTP, via prête-noms et gérants de paille, affaire pour laquelle l’ancien président du conseil général des Bouches-du-Rhône, Jean-Noël Guérini, a également été inquiété.

Reste que, au-delà de la réputation du «parrain» marseillais, les preuves matérielles sont indigentes dans l’affaire du hold-up de Mulhouse.

Seuls deux des truands impliqués - sur six au total, au moins - ont été condamnés.

Parmi eux, Bruno Latard, qui a écopé en 1994 de 12 ans de réclusion, et qui avait admis être le cerveau de l’affaire lors du premier procès Barresi, en 2012 devant les assises de Colmar.

Son témoignage avait contribué à faire acquitter Barresi: il avait affirmé à la barre que le Marseillais n’avait pas participé à ce hold-up.
Les enquêteurs ont mis en exergue la présence de Barresi à Mulhouse le jour des faits, confirmée par la tante de l’accusée, chez qui il était hébergé, et au domicile de laquelle il avait caché des sacs, qu’il était revenu chercher ultérieurement.

Mais pour la défense de Barresi, il ne s’agit que d’une «malheureuse coïncidence": les sacs renfermaient des vêtements volés, issus d’un cambriolage réalisé quelques jours plus tôt.

L’absence de toute trace ADN de Barresi sur les scellés, alors que les faits ont été commis à une époque où l’état des recherches génétiques dispensait les malfrats de toute précaution, tend également à innocenter la figure du milieu marseillais.

Devant les assises de Meurthe-et-Moselle, Bernard Barresi retrouve le trio de ténors qui avaient arraché son acquittement: Jean-Yves Liénard, Pierre Bruno et le célèbre Eric Dupond-Moretti.

Il encourt 20 années de réclusion criminelle.

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