mercredi 28 mai 2014

Chaque mois, le tueur de leur fille leur verse des centimes

La jeune femme a été tuée et violée à Guérande voici 10 ans. Aujourd’hui, ses parents n’en peuvent plus de percevoir un à cinq centimes par mois de la part du meurtrier.

Michel Guihard et son épouse en ont assez de ces versements d'un ou deux centimes. 
Michel Guihard et son épouse en ont assez de ces versements d'un ou deux centimes.

Chaque mois, la consultation d'un relevé bancaire est un nouveau coup de poignard pour les parents de Ludivine Guihard. Le versement provenant de l'administration pénitentiaire est perçu « comme une insulte ultime » à la mémoire de leur fille, tuée le 30 mai 2004. « Un centime, deux centimes parfois cinq. C'est indécent. Ça fait des années que ça dure. On n'en peut plus. »

Michel Guihard, solide garagiste bientôt en retraite, reste fragile lorsqu'il parle de sa « petite ». Cette jolie fille de 22 ans avait été surprise au petit matin dans son studio. Vincent Favreau, 25 ans, était entré dans le logement, s'était jeté sur elle, lui portant des coups avant de l'étrangler et de la violer. Il avait ensuite abandonné le corps dans un chemin après l'avoir partiellement incendié.
Le motif ? Une « pulsion » envers une fille qu'il n'aurait rencontrée qu'une seule fois. Sa condamnation à perpétuité, avec une peine de sûreté de vingt ans, en 2006, n'a pas effacé la douleur de ses proches.

Prélèvements obligatoires

Mais pourquoi ces centimes ? « Des sommes surprenantes », réagit l'administration pénitentiaire qui gère « le compte nominatif des détenus ». Leur budget est soumis à plusieurs contraintes, dont celle d'être divisé en trois parties. « La part disponible permet au détenu d'acheter des biens sur catalogue, louer une télé. »

C'est ce qu'on appelle cantiner. Ensuite vient l'indemnisation des parties civiles. Le prélèvement est obligatoire au-delà de 200 € de revenus mensuels. Enfin, il y a « le pécule de libération », destiné à préparer la sortie de prison ; c'est une épargne obligatoire, là encore au-delà de 200 € de revenus.

Comment est-il possible qu'une famille perçoive des sommes d'un à cinq centimes ? La Direction interrégionale de l'administration pénitentiaire de Bordeaux refuse de communiquer sur ce cas. Mais, selon nos informations, le meurtrier est censé rembourser quelque 100 000 € au fonds de garantie qui a indemnisé les victimes. Il doit aussi 6 000 € de frais d'avocat à la famille, en direct cette fois.

Lorsqu'une indemnisation est prélevée sur les faibles revenus d'un détenu, ce sont au maximum quelques dizaines d'euros. La plus grosse part va au remboursement du fonds de garantie. Reste donc une portion infime pour le remboursement des 6 000 €. Seul le procureur chargé de l'exécution des peines peut faire évoluer cette situation.
Ouest-france

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