jeudi 12 juin 2014

Prisons - les surveillants protestent contre leurs conditions de travail

De nombreuses prisons ont été bloquées jeudi matin par des surveillants protestant contre le manque de moyens et des conditions de travail et de sécurité dégradées, à l'appel du principal syndicat du secteur, l'Ufap.
Prisons: les surveillants protestent contre leurs conditions de travail

La ministre de la Justice, Christiane Taubira, a reconnu des "difficultés" et problèmes d'effectifs, alors que les prisons françaises battent régulièrement des records de surpopulation. L'Ufap réclame notamment que 800 postes vacants de surveillants soient pourvus lors du prochain budget triennal, en cours d'élaboration.

Une soixantaine de surveillants ont bloqué vers 06H00 l'entrée de la maison d'arrêt de Fleury-Mérogis (Essonne), plus grande prison d'Europe, pour empêcher les extractions judiciaires.
Ils en ont été délogés trois quarts d'heure plus tard par les gendarmes mobiles et se sont déplacés devant l'entrée du public dans l'intention notamment de bloquer les parloirs des avocats. "Personnel pénitentiaire en danger, stop aux prises d'otages, stop à la surpopulation", pouvait-on lire sur une banderole.

Dans la Direction interrégionale des services pénitentiaires (DISP) de Lille (Nord/Pas-de-Calais, Picardie et Haute-Normandie), 8 établissements sur 22 étaient bloqués, selon l'Ufap régionale.
A la maison d'arrêt de Lille-Sequedin, l'un des plus gros établissements de la région avec environ 800 détenus pour 600 places, une petite vingtaine de surveillants bloquaient les extractions, "sauf les grosses urgences", selon Stéphane Lecerf, secrétaire local de l'Ufap.

- Taubira: "Les besoins sont indicutables" -

Au centre pénitentiaire d'Annoeullin (Nord), qui compte 750 détenus pour 680 places, une cinquantaine de surveillants ont disposé devant l'établissement "des barricades, des pneus, des palettes, des lits et des matelas" pour bloquer les extractions, mais ont été délogés par les gendarmes.
"A Annoeullin, on a plus de 93 matelas au sol. On nous parle de dignité humaine, on nous claque l'article 57 (interdisant) pour les fouilles (systématiques), par contre ça ne dérange personne de bafouer la dignité humaine en mettant des matelas au sol dans une cellule de 9 m2", a souligné Frédéric Blondel, secrétaire régional adjoint de l'Ufap.

Blocages ou manifestations également à la célèbre prison marseillaise des Baumettes - où la CGT s'est jointe au mouvement -, à Béziers, Foix, Perpignan, Lannemezan, Albi, Seysses, Muret ou encore à la maison d'arrêt d'Aix-Luynes.

Dans cet établissement qui abrite 990 détenus pour quelque 600 places, "nous souffrons d'un manque d'effectifs chronique, les heures sups explosent", explique Olivier Viau, responsable local Ufap.
Christiane Taubira a reconnu sur RTL "une réalité de difficulté dans les conditions de travail, parce qu'il manque des effectifs", alors même que "la population carcérale a augmenté". Elle a affirmé que sous "l'ancien quinquennat" des emplois avaient été "créés mais pas financés donc ils n'existent pas".
Reconnaissant "des incidents importants dans nos établissements", elle a rappelé avoir lancé il y a un an un "plan de sécurisation" de 33 millions d'euros, dont l'Ufap estime qu'il n'est pas appliqué assez rapidement. Et alors que le collectif budgétaire présenté mercredi prévoit quelque 70 millions d'économies pour le ministère de la Justice, Mme Taubira a assuré "batailler pour expliquer les besoins de ce ministère (...) les besoins sont indiscutables".

L'Ufap avait déjà organisé une journée d'action le 6 mai, sur les mêmes revendications, qui avait touché une centaine d'établissements sur les 192 que compte le pays.

Le nombre des prisonniers en France a franchi un nouveau record début avril, avec 68.859 personnes incarcérées, soit un taux d'occupation de 119,38% par rapport au nombre de places disponibles.

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