mardi 24 juin 2014

Saint-Pierre - Mouvement de grogne à la prison

"C'est comme si on enlevait leur lance à incendie aux pompiers !".
 
Les surveillants de la prison de Saint-Pierre ont exprimé leur colère hier. Pendant toute la journée, une dizaine d'entre eux, à l'appel des syndicats Ufap-Unsa et CGTR, ont bloqué l'accès à l'établissement et la route qui passe devant.
L'objet du courroux vient d'une loi européenne, votée en 2009, qui rentre en application progressivement en France et cette semaine à Saint-Pierre. "Cette nouvelle directive interdit désormais les fouilles systématiques de détenus à leur sortie des parloirs. Déjà qu'on a dû mal à lutter contre l'introduction de drogues, téléphones et armes dans l'établissement, ça va devenir incontrôlable, pointe David Calogine, secrétaire général de L'Ufap-Unsa Réunion-Mayotte.
De plus, l'application de cette nouvelle procédure devait s'accompagner de l'installation d'un portique de sécurité, ce qui n'est toujours pas le cas à Saint-Pierre". Ce portique, qui serait déjà arrivé sur l'île, devrait être installé dans les prochains jours. Mais les syndicats dénoncent "un manque de concertation" dans la maison d'arrêt du Sud : "Une note de service a été envoyée vendredi pour une mise en place ce lundi, on aurait aimé être prévenu plus tôt".
Hier, toutes les visites de familles aux détenus ainsi que les entrées et autres extractions ont été bloquées du fait du mouvement. La prison reprendra son fonctionnement normal dès ce matin.
Des fouilles ciblées
Désormais, les détenus feront l'objet de contrôles ciblés à leur sortie de parloir, comme le veut cette nouvelle loi pénitentiaire. "Sur le fond, cette manière de faire nous pose problème, poursuivent les syndicats. Comment on va cibler ces détenus ? Ceux qu'on va fouiller vont nous accuser de ne pas le faire sur les autres. Sans parler des problèmes de sécurité, ces contrôles ciblés sont compliqués à gérer".
Au niveau national, les syndicats continuent donc de dénoncer l'article 57 - celui qui supprime les fouilles systématiques - de la nouvelle loi pénitentiaire. D'autres actions pourraient donc suivre.
À ce titre, le bureau national de l'Ufap-Unsa soulignait cette position dans un tract envoyé hier aux médias. Cela en prenant pour exemple deux violentes agressions de surveillants avec un couteau et un morceau de verre, survenues récemment en métropole.
 "Cette loi européenne peut faire l'objet d'aménagement de la part des différents pays, souligne David Calogine. On demande donc au gouvernement d'abroger cet article 57. En attendant, il faut l'appliquer et on va bien voir comment ça se passe à Saint-Pierre. On pense aussi qu'il faudrait faire plus de sensibilisation auprès des détenus et de leur famille sur les risques encourus en cas d'introduction de d'objets interdits". Notons que les deux autres prisons réunionnaises, qui n'ont pas été impactées par le mouvement d'hier, appliquent déjà ces fouilles ciblées. Non sans souci selon les syndicats.

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