mardi 15 juillet 2014

Un juge en moins, les détenus de la prison de Réau en colère?

Le départ d’une juge d’application des peines du tribunal de Melun entrainerait une grogne chez les détenus de la prison de Réau. Mais pour un syndicat pénitentiaire il s’agit « seulement d’un prétexte pour signifier leur mécontentement. »
 
Les détenus en colère à cause du départ d’une juge ? Voici ce que confie Jessica*, une détenue du centre pénitentiaire du sud-francilien qui a pu contacter La République de Seine-et-Marne dans le cadre d’une autorisation de sortie ces derniers mois. En cause, la « mutation » d’une juge d’application des peines (Jap) pour le ministère de la Justice.

« Jusqu’au mois de mai, il y avait deux juges d’applications des peines au tribunal de Melun qui s’occupaient de tous les détenus et se partageaient les dossiers mais depuis le départ de l’une d’elle c’est vraiment difficile, confie cette détenue. Elle ne peut pas travailler jour et nuit et cela allonge les délais pour les aménagements de peines ou les permissions de sorties. »

« Mécontentement »

D’après elle, l’allongement des délais pour passer devant la juge entraîne « ras-le-bol chez les femmes détenues » mais s’apparente plus à « une grogne dans le quartier hommes. » Pis, « les placements à l’isolement sont multipliés depuis », poursuit-elle. Faux, tranche un syndicaliste. « Ils ont toujours des revendications mais c’est seulement un prétexte pour manifester leur mécontentement. » Et d’ajouter : « Les détenus qui vont au quartier disciplinaire y sont placés pour des faits de menaces, d’insultes ou d’agressions. »
« Espoir qui tombe à l’eau »
Constat identique pour Bruno Dalles, le procureur de la République à Melun : « Il y a un important effort d’organisation qui est réalisé pour prendre des affaires en plus, explique le magistrat. Des substituts travaillent à temps plein sur les affaires qui concernent les centres pénitentiaires. »
Et Jessica de répondre : « Nous sommes écœurés car on nous demande des dossiers ’bétons’ pour les sorties mais là rien ne passe. On entend toujours parler de réinsertion mais là c’est vraiment de l’espoir qui tombe à l’eau. »

Conditions de détentions

Pourtant, des avocats du barreau de Melun expliquent que leurs clients incarcérés au centre pénitentiaire de Réau vivent très mal les conditions de détention dans cet établissement inauguré en 2011. Un ancien détenu, qui n’est plus à Réau va même jusqu’à évoquer « le pire parmi tous ceux dans lesquels je suis passé. »
Mais pour le syndicaliste, « ce que les détenus ne comprennent pas, c’est que le travail que nous mettons en place est basé sur la réinsertion, ils doivent intégrer cela. Nous les préparons à la sortie mais pour cela, ils doivent aussi avoir un comportement exemplaire s’ils veulent un aménagement de peines. »
Contactée à propos de l’effet que pourrait avoir le départ d’une juge sur les conditions d’incarcération des détenus, l’administration pénitentiaire n’a pas souhaité commenter.
*Le prénom a été modifié.
Premier suicide à la prison de Réau
Il s’agirait du premier suicide au centre pénitentiaire du sud-francilien, depuis son ouverture en 2011. D’après nos informations, une détenue s’est pendue au début du mois de juin dans sa cellule du quartier femmes de la prison. Elle venait d’arriver depuis peu dans la prison sénartaise, en provenance de Rennes (35). Contactée à plusieurs reprises, l’administration pénitentiaire n’a pas confirmé l’information.

Source: La République

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