lundi 24 novembre 2014

Riom - Y a-t-il trop de travailleurs détachés sur le chantier de la nouvelle prison ?

France 2 vient ainsi de se rendre sur le chantier de construction du futur centre pénitentiaire à Riom. Et a recueilli, en caméra cachée, un témoignage de salarié polonais disant commencer du lundi au vendredi à 7 h et finir à 17 h ; samedi à 7 h et à 15 h, soit dix heures de plus que l’amplitude horaire maximale légale.
 
« Une présence sur le chantier dans ces amplitudes, c’est possible, concède la société Spie Batignolles par la voix du directeur de site, Nicolas Delplanque. Mais temps de présence ne dit pas temps de travail ! Si on décompte une heure de pause déjeuner, plus le temps de se changer, de se rendre à son poste, de se doucher, etc, le temps de travail n’est pas de 58 heures, et la durée légale est respectée ».

Bien conscient de la polémique autour du sujet, le n°4 du BTP français, assure que « nous avons mis en place tous les moyens de contrôle réglementaires sur le chantier pour satisfaire aux obligations légales (1). Je joue mon rôle de vigilance auprès des 6 entreprises qui emploient ces 70 salariés détachés, sur 1.000 au total. Les mises en garde ont été faites. C’est ensuite à elles de s’assurer qu’elles soient appliquées. C’est leur responsabilité, et nous y veillons. Par ailleurs, un minimum de 36 % de l’activité globale du chantier est confiée à des PME locales, ce qui est bien supérieur à la norme ».

7 % de travailleurs détachés sur le chantier de la nouvelle prison

Cofely Axima, est l’une des 6 entreprises à travailler sur le chantier de la nouvelle prison qui sous-traite à des entreprises étrangères. 50 des 80 personnes travaillant pour elle à Riom viennent de Pologne : « C'est un grand chantier (d’un coût total de 85 M €, NDLR), justifie le responsable directeur opérationnel, Hervé Rigaud. Il faut construire cette prison très rapidement. Nos équipes ont une charge de travail importante, avec des critères de qualité et de sûreté spécifiques. Il nous a fallu mobiliser très vite des équipes fortes, notamment en tuyauterie de conditionnement air, et gaines de ventilation. Ces contraintes spécifiques ne nous permettaient pas de sous-traiter uniquement en France ».

Quant aux conditions dans lesquelles les détachés travaillent : « C'est vrai qu'il y a des dérives et des filières douteuses. Mais nous, on respecte la législation et on suit ces personnels attentivement. Sur un chantier pour le ministère de la Justice (2), tout est surveillé. On ne fait pas n’importe quoi. Notre image est en jeu ».

« Une concurrence parfaitement déloyale ! »

Mais au-delà de ce cas particulier, le discours ne convainc pas forcément. La main-d’œuvre représentant autour de 40 à 45 % des coûts, le patron d’une PME locale s’agace : « Les détachés représentent un coût horaire infiniment moindre. Ils ne respectent pas forcément les 35 heures. Ils constituent, pour ceux qui n’y ont pas recours, une concurrence parfaitement déloyale ! ».

(1) « Aucune infraction n’a été constatée sur le chantier de la prison en terme de prestation de service international illégal », indique la Direccte, qui travaille par ailleurs sur plusieurs dossiers puydômois d’envergure en matière de fraude aux prestations de service international.

(2) Contacté, le ministère ne s’exprime pas sur le sujet, renvoyant vers le constructeur. 
Source : La Montagne

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