vendredi 19 décembre 2014

Cinq questions autour des évacuations de prison

Les 400 détenus de la prison de Maubeuge (Nord) ont commencé à être évacués, dans la nuit de jeudi à vendredi. Une opération extrêmement rare, délicate mais préparée.
Un car de détenus quitte la maison d'arrêt du Mans-Vert Galand en janvier 2010 vers la nouvelle maison d'arrêt du Mans-les-Croisettes située à Coulaines au Nord de la ville, lors d'un transfert de quelque 170 prisonniers.

Cette nuit, près de 400 détenus de la prison de Maubeuge dans le Nord ont dû être évacués d'urgence après une panne d'électricité due à un incendie maîtrisé en début de soirée. Le transfert des prisonniers vers d'autres centres pénitentiaires doit se poursuivre dans la journée. Un exercice «extrêmement rare» mais bien rodé.

1/ Comment prend-on la décision d'évacuer une prison?

«Ça se fait toujours au cas par cas», répond Jean-François Forget, secrétaire général de l'Ufap-Unsa Justice. «Une cellule de crise se met en place pour savoir si on doit évacuer la totalité de l'établissement et pour évaluer les capacités d'accueil des autres établissements». Ensuite, la décision finale d'évacuer appartient au préfet, qui a, au préalable, consulté l'administration centrale à Paris, la direction interregionale et le directeur de la prison. Une fois que l'évacuation est ordonnée, le site est sécurisé avec des renforts à l'extérieur: les équipes régionales d'intervention et de sécurité (ERIS), policiers, gendarmes et personnels pénitentiaires venus d'autres établissements sont mobilisés. «Il faut imaginer qu'on multiplie par quatre le personnel encadrant», ajoute le syndicaliste.

2/ Comment les prisonniers sont-ils transférés?

Les détenus sont évacués au fur et à mesure dans différentes structures pénitentiaires de la région. C'est le cas des prisonniers de Maubeuge qui ont été ou vont être transférés dans trois prisons situées à proximité. «On les fait sortir par petits groupes, menottés et on les fait monter dans différents véhicules», poursuit Jean-François Forget. Les prisonniers sont pour la plupart acheminés en bus, escortés par les forces de l'ordre, gyrophare activé. Pour éviter tout incident, la ville est quadrillée et les policiers sont postés à chaque carrefour pour réguler le trafic, comme l'explique La Voix du Nord.

3/ Qu'en est-il des prisonniers les plus dangereux?

Les détenus considérés comme les plus dangereux sont généralement placés dans des fourgons cellulaires, sorte de prison roulante, avec des cabines individuelles fermées où les prévenus sont menottés dans le dos. Et quand il s'agit de détenus issus d'établissements plus sécuritaires, «on les transfère de manière plus isolée», explique encore Jean-François Forget. Ce qui veut dire: plus de personnel pénitentiaire et un cordon de police renforcé. «Au final, le déroulement est le même que pour un transfert programmé», précise le syndicaliste.

4/ Comment les «prisons d'accueil» sont-elles choisies?

En fonction de trois critères: la proximité géographique, la nature de l'établissement (maison d'arrêt, centre de détention, centres pénitentiaires, maison centrale) et de sa capacité d'accueil. Après, «pour savoir comment on dispatche les détenus, on regarde aussi leur profil», reprend Jean-François Forget. L'établissement ne sera pas le même si on a affaire à des prévenus (incarcérés mais pas encore jugés) ou à des condamnés (déjà jugés). Par exemple, un prévenu ne peut pas aller dans un établissement pour peine. Autre paramètre délicat à prendre en compte: la surpopulation carcérale. «Il faut faire de la place, quitte à ce que les détenus soient un peu serrés», commente Jean-Luc Belloc, un officier pénitentiaire, syndicaliste FO. «Et si ça coince, il est possible qu'il y ait de nouveau des transferts», ajoute le secrétaire général de l'Ufap-Unsa.

5/ N'y a-t-il pas un risque que des détenus en profitent pour s'évader?

«Il y a toujours un risque mais ce n'est pas une première», a expliqué à l'AFP le secrétaire régional de l'Ufap-Unsa justice, Laurent Scassellati, qui a rappelé l'incident d'une «chaudière claquée à la prison de Béthune il y a 3 ans» et selon qui, l'évacuation s'était «bien passée». En juin 2010, la prison de Draguignan (Var), qui possédait un nombre similaire de détenus (436) à celle de Maubeuge, avait elle aussi été évacuée, cette fois-ci en raison d'inondations.

Lire la suite sur Le Figaro

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire

Related Posts Plugin for WordPress, Blogger...