jeudi 16 avril 2015

Marseille - Baumettes : une prison aux allures de grande passoire

Téléphones, couteaux, drogues : des dizaines d'objets y entrent chaque semaine
 
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Visiblement, entre les murs des Baumettes, les addictions aux smartphones et aux drogues poussent les détenus dans les retranchements de leur imagination et de leur ruse. Que cela soit pour continuer de gérer leur plan stups ou par pure distraction, et que cela soit par accoutumance ou pour oublier la privation de liberté dans une grande bouffée de cannabis, ils font des pieds et des mains pour obtenir un téléphone et/ou du shit. Si dans une récente interview, le directeur interrégional de l'administration pénitentiaire, Philippe Peyron, assurait que les téléphones portables finiront par être autorisés en détention.

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Pour l'heure, il n'en est rien et cette lutte contre l'entrée tous azimuts d'objets illicites, dans la prison de Baumettes notamment -- 1800 détenus, soit une surpopulation de 150 % --, constitue l'une de ses priorités. Des photos prises récemment grâce à des smartphones dans la prison marseillaise -- révélées par La Provence --, des vidéos montrant les prisonniers fumant des joints dans la cour de promenade et enfin la découverte, mardi, d'un téléphone dans la cellule du quartier d'isolement du joueur de football Souleymane Diawara -- incarcéré pour "extorsion" et "tentative d'extorsion" -- laissent perplexe et font passer la prison pour ce que les syndicats qualifient de "centre de vacances", doublée d'une passoire...

Les affaires sont scrutées aux rayons X

Aujourd'hui, trois moyens s'offrent aux détenus pour faire entrer l'objet de leur désir : une projection par-dessus les façades, qui atterrit dans la cour de promenade et souvent récupérée par une "mule", mais aussi le parloir familles ou encore la complicité d'un surveillant. "Concernant ce dernier cas, en deux ans, une dizaine de nos agents ont été mis en examen et certains écroués", assurait hier le directeur interrégional, dans l'incapacité en revanche de jauger quel moyen est le plus usité.
 
L'été dernier, après des semaines de projections perpétrées par des complices qui passaient par le chantier de "Baumettes 2", l'administration avait installé des barrières grillagées qui empêchent également les envois -- à la fronde ! -- depuis la colline proche. "Désormais, ils passent carrément, principalement le week-end, par l'enceinte de la direction interrégionale ! Ils traversent ensuite un terrain vague pour arriver au pied de la façade qui donne sur la cour du bâtiment D, celui où il y a notamment les détenus les plus dangereux", pestait hier Cyril Antolin, secrétaire régional du Syndicat des Surveillants (SPS).
 
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"Dimanche et mardi, plus d'une trentaine de projections ont été faites par des complices. Ce sont en général des bouteilles coupées, remplies d'éponges pour amortir le choc, et scotchées. La plupart du temps, ce sont des téléphones, mais dimanche on a trouvé trois couteaux. L'été dernier, on avait saisi une matraque télescopique. Quand les colis touchent le sol, une vingtaine de détenus se rassemblent au-dessus pour que les surveillants ne voient rien, et ils se répartissent les contenus des bouteilles sur lesquelles il y a les surnoms des destinataires".
 
Par les parloirs familles aussi, nombre d'objets, principalement de la drogue, entrent. Pourtant, les proches passent d'emblée sous un portique de sécurité et leurs affaires sont scrutées aux rayons X. "Le portique ne détecte que le métal. Donc pas la drogue, ni même les couteaux en céramique. Les proches sont ensuite au contact direct des détenus. Le problème, c'est qu'une loi pénitentiaire adoptée en 2009 mais mise en application mi-2012 nous interdit la fouille systématique et à corps des détenus. Aujourd'hui, une dizaine de prisonniers sur une trentaine sont fouillés au sortir de leur parloir. Tout cela nous fait craindre qu'un jour une arme à feu rentre et que l'on soit à la merci d'une prise d'otages", s'inquiète le syndicaliste.
 
Le directeur interrégional assure ne pas rester les bras croisés...

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