mardi 23 juin 2015

Réau - l’ex-détenue dénonce la trop faible rémunération du travail en prison

« La justice et l’administration pénitentiaire devraient savoir que le temps du bagne, c’est fini ! » Valérie Chatelée et son avocate Me Dominique Wantou ont tenté de convaincre les conseillers prud’homaux de Melun, ce lundi, que la prison paie trop peu les détenus lorsqu’ils y effectuent un travail.
Melun, lundi 22 juin. Valérie Chatelée (de dos), ex-détenue à la prison de Réau, ici avec son avocate, dénonce auprès de la justice les rémunérations trop basses des détenus quand ils travaillent en centre pénitentiaire.        
 
Une affaire rare en France, où le tabou du travail en prison reste fort.

« J’étais payée 2,28 € de l’heure en tant que coiffeuse au quartier femmes au centre pénitentiaire sud francilien à Réau, où j’étais détenue d’octobre 2012 à février 2015, explique Valérie, 33 ans, qui purge désormais sa peine hors de la prison. Celles qui y sont femmes de ménage sont à 8,64 € par jour, moi j’étais à 11,38 € ou 15,23 € selon les jours. C’est indécent et largement insuffisant pour s’acheter des cigarettes, téléphoner, envoyer du courrier, indemniser les parties civiles… » Ses bulletins de salaire sont sans équivoque : 73,97 € en janvier dernier pour 32h30 effectuées dans le mois. « Et sans être payée pendant les arrêts maladie », ajoute Valérie. Dans son rapport de 2011, le contrôleur général des prisons constatait, qu’en France, « l’administration pénitentiaire continue de ne pas appliquer strictement » les taux obligatoires de rémunération (de 1,84 à 4,15 €/h).

« Le bagne, c’est terminé », lance Valérie Chatelée

« L’administration pénitentiaire fait voir le travail en prison comme une faveur offerte au détenu, comme un privilège. Rappelons-lui que le bagne, c’est terminé, que les personnes incarcérées ont droit à la dignité. Elles sont privées de liberté mais peuvent au moins être payées dignement pour leur travail effectué ! », lance Me Wantou.

Valérie se bat aujourd’hui non pas pour elle mais « pour tous les autres détenus », pour tous ceux qui n’osent pas intenter de procès malgré leur salaire très bas. La jeune femme a pris exemple sur une ancienne co-détenue, l’une des rares à avoir franchi le pas (lire encadré).

L’audience de conciliation lundi a abouti à une date de procès au conseil des prud’hommes de Melun le 7 décembre. Mais l’affaire pourrait être renvoyée ou jugée partiellement car la société poursuivie, Themis, le prestataire de services fournissant le travail et les fiches de salaires aux détenus, a plaidé l’incompétence des prud’hommes pour ce type d’affaires. « La loi dit qu’une personne incarcérée ne fait pas l’objet d’un contrat de travail », a plaidé Me Victor Mollet. Il considère que le tribunal administratif serait plus à même d’examiner ce dossier.
En 2013, une détenue de Versailles a obtenu 6 000 € d’indemnités C’est la victoire juridique de son ex-codétenue Marylin Moureau qui a poussé Valérie Chatelée à saisir la justice pour faire valoir ses droits au travail.

En 2013, Marylin a réussi à être reconnue par les prud’hommes...
 

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