lundi 23 novembre 2015

Brest - Prison : inquiétudes sur l'exposition au cannabis

La fumée des joints a-t-elle un impact sur les surveillants ? Non, assurent des experts, en réponse aux craintes d'un syndicat. Une anecdote qui met en tout cas en lumière une réalité en détention.

À Brest comme ailleurs, la consommation de stupéfiants est une réalité.

L'histoire

La requête a de quoi surprendre. Il y a environ un an, le syndicat UFAP de la maison d'arrêt s'inquiétait, lors d'un comité technique, de l'impact du cannabis sur les surveillants.

Ceux-ci craignaient que leur exposition prolongée à la fumée des joints des détenus ne leur cause des problèmes avec les autorités. « Ils se disaient qu'en cas de contrôle routier, ils pourraient être révélés positifs aux stupéfiants », explique Richard Ménager, directeur de la prison.
« Pour les rassurer, j'ai fait venir des experts. Ceux-ci leur ont démontré qu'il n'était pas possible d'être drogué en sentant simplement l'odeur du cannabis. »

Tabagisme passif ?

L'occasion, pour Richard Ménager, de pousser plus loin la question. « Je me suis intéressé aux effets du tabagisme passif. » Là encore, un groupe de travail a été constitué. « Il en est ressorti qu'il fallait vraiment être exposé durant longtemps aux fumées pour qu'il y ait un impact sur leur santé. Les cellules sont fermées et les détenus ont obligation d'aérer régulièrement. » Pour les coursives, des travaux d'aération ont depuis été réalisés.

L'incident est donc clos. Mais, au-delà de l'anecdote, les inquiétudes du syndicat mettent en lumière un vrai problème en prison, « à Brest comme ailleurs » : la consommation de stupéfiants est tout autant interdite en détention qu'à l'extérieur...

« En prison, 50 % des gens fument des joints », révélait un ancien détenu lors d'un procès pour trafic à l'Hermitage (Ouest-France d'hier). Ce que ne nie pas le directeur. « Les gens voient souvent la prison comme un lieu où l'administration contrôle tout, façon Big Brother. Mais on n'a absolument pas les moyens de faire ça. »

Très peu de fouilles

En cause, notamment, « une loi de 2009 interdisant les fouilles systématiques au sortir des parloirs ». Ces actes sont désormais très encadrés. « Sur les quelque 400 détenus qu'on a habituellement (actuellement, ils sont 300 pour cause de travaux), on ne peut en fouiller que 30 ou 40. Seulement ceux, notamment, qui ont été condamnés pour trafic de stups. » En dehors des armes et de quelques autres objets, détectés par portique, le détenu peut donc rentrer en cellule avec beaucoup de choses.

« Ils savent quand ils peuvent fumer tranquillement en journée. » Et surtout la nuit. « Comme il est seul, le surveillant ne peut entrer en cellule sans l'accord d'un gradé, pour des raisons de sécurité. » Il y a un an, les craintes portaient d'ailleurs sur un couloir particulièrement enfumé à la nuit tombée.

Les salariés sentent bien sûr, parfois, l'odeur du cannabis lors de leurs rondes en journée. « Souvent, ils nous disent qu'ils ont mis de l'encens, ou que ce n'est pas eux mais leur co-détenu... » Et, pour envoyer le détenu en conseil de discipline, avec présence d'un avocat, il faut pouvoir prouver les faits.
Seule possibilité : les fouilles dans les cellules. Si le cannabis est bien présent en détention, il n'est cependant pas au coeur de trafics très importants, assure le directeur. « Les quantités trouvées sont souvent minimes. »
Ouest-france

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