lundi 25 janvier 2016

La très glauque chasse au trésor de Fourniret, le monstre des Ardennes

Ou comment Michel Fourniret a assassiné la femme d'un "ami" rencontré en prison pour le dépouiller de son butin. Une histoire qui en dit long sur le prédateur.

La très glauque chasse au trésor de Fourniret, le monstre des Ardennes

C'est l'histoire incroyable d'une chasse au trésor entre un ancien activiste d'extrême gauche devenu voyou et un tueur en série qui n'a pas hésité, pour récupérer le magot, à assassiner la femme de son ami avant d'acquérir un château.

Un récit digne d'une série noire, qui révèle le cynisme et la cruauté de Michel Fourniret, le monstre des Ardennes, qui a déjà reconnu neuf meurtres.

L'aventure commence, comme dans Le Comte de Monte-Cristo, à savoir dans une cellule. Pas celle du château d'If, mais celle de la la prison de la Santé, à Paris. Jean-Pierre Hellegouarch, 61 ans, a connu un destin particulier. Condamné à vingt ans de prison par un tribunal militaire espagnol pour des braquages "politiques", ce robuste Breton se serait évadé de la prison de Burgos.

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Après avoir flirté un temps avec l'extrême gauche, il "tombe" à nouveau pour des affaires de braquage et de trafic de stupéfiants. Lors de l'un de ses passages en prison, il croise, en 1984, Michel Fourniret, condamné à cinq ans pour viol. Le Breton rebelle sympathise avec cet "intello", ancien para en Algérie, qui cite André Breton et se dit victime d'un complot. Il le protège contre les autres détenus, qui détestent les auteurs de crimes sexuels.

Fourniret fait aussi la connaissance, dans le parloir, de la femme d'Hellegouarch, Farida, une piquante brune de 31 ans. A sa sortie, il prend contact avec elle et écrit au truand, demeuré en prison. A tel point que, en mars 1988, Farida vient, à la requête de son mari, lui demander un service. Il s'agit de récupérer un magot d'or enfoui dans un cimetière pour le cacher dans un appartement à Vitry.

D'où vient l'or ? Mystère. Le Breton évoque aujourd'hui un détenu italien d'extrême droite qui lui aurait confié son or avant d'être extradé. Il s'agit plus vraisemblablement d'un butin personnel.

Le fait est que Fourniret se rend avec Farida dans un cimetière des Yvelines et déterre, dans une vaste jardinière, une caisse à outils remplie de lingots et de pièces d'or. L'ami complaisant aménage une cache au-dessus de la porte des toilettes de l'appartement de Vitry. Mais, soudain, le tueur se réveille.

Il demande à Farida de l'accompagner dans une ferme de Rambouillet "pour récupérer des armes". De là, il l'emmène dans une carrière de Clairefontaine, afin de cacher sa voiture, et l'étrangle. "Il n'y a eu aucun aspect sexuel, a confié Fourniret aux policiers belges, il s'agissait seulement d'un transfert de propriété."

Il raconte également qu'il s'est débarrassé du corps dans un terrain vague, au sortir d'un village des Yvelines dont il a oublié le nom. Il ajoute qu'il n'a pas retiré l'alliance du cadavre. Il retourne ensuite prendre l'or dans l'appartement, "en en laissant une partie pour Jean-Pierre".

Contacté par les soeurs de Farida, il participera aux recherches auprès des hôpitaux. L'or, vendu à Bruxelles, servira à acheter le château du Sautou et un studio à Sedan.

Mais l'histoire ne s'arrête pas là. Car Hellegouarch s'inquiète : sa femme ne se présente pas au parloir. En prison, on appelle ces rendez-vous manqués des "parloirs fantômes". A sa sortie, il fonce voir le couple Fourniret, qui le reçoit dans une bicoque minable près de Sedan et lui joue la grande scène de la pauvreté. Il retrouve également leur fils, Selim, dont il est le parrain.

Le Breton repart le lendemain, persuadé de l'innocence de ses amis. Mais, manque de chance pour eux, la brigade criminelle enquête alors sur une affaire de faux papiers et remonte jusqu'à Hellegouarch et Fourniret. Elle perquisitionne au château acheté par le tueur.

Quand le Breton l'apprend, son sang ne fait qu'un tour. Il trouve l'adresse de la propriété et s'y rend. Il croise dans le parc Fourniret au volant de sa voiture, qui le reconnaît et, paniqué, prend la fuite. Un coup de feu aurait même été tiré...

"Hellegouarch connaissait bien ma femme, Monique, et mon fils, je ne risquais rien à les laisser", a raconté ce dernier aux policiers belges. Au château, l'explication, entre le braqueur et l'épouse de Fourniret est orageuse, mais Monique, terrorisée, ne lui révèle rien.

Peu après, le couple Fourniret vend précipitamment le domaine et s'installe en Belgique. Fou furieux, Hellegouarch dénonce son ancien ami à la justice. En 1999, après un autre séjour en prison, il écrit au procureur d'Evry pour accuser Fourniret d'avoir tué Farida. Le courrier est transmis au procureur de Créteil. Le braqueur est même entendu par les gendarmes. Mais l'enquête s'enlise. Elle aurait peut-être pourtant permis de démasquer, avant l'heure, le tueur en série et d'éviter les derniers meurtres.

(Rappel: Michel Fourniret et Monique Olivier ont été condamnés en mai 2008 à perpétuité pour sept meurtres de jeunes filles entre 1987 et 2001.)

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