mercredi 27 janvier 2016

Prison de Mont-de-Marsan : de « l’autorité par le dialogue » et « moins d’embrouilles »

Vendredi dernier, la direction a laissé quartier libre pour rencontrer surveillants et détenus, afin qu'ils donnent leur sentiment sur les "modules de respect" instaurés voici un an.

"C'est une sorte de semi-liberté en milieu fermé", image Félix. "A côté du strict, c'est le Club Med", sourit Abdel.

Quelle réalité se cache derrière la « réussite fulgurante » prêtée à ces modules de respect ? Un an presque jour pour jour après l'inauguration à Mont-de-Marsan de cette nouvelle forme de détention qui concerne deux bâtiments et a déjà touché 367 détenus, condamnés ou prévenus, du centre pénitentiaire Pémégnan, la direction a ouvert vendredi les portes du centre de détention numéro 2, ou CD2.

La différence avec le CD1 est nette. Moins de déchets jetés par les fenêtres, moins de radios qui hurlent, moins de regards acides, mais surtout plus de va-et-vient. Ici les détenus ont les clés de leurs cellules. Elles sont ouvertes de 7 à 19 heures. Et ils en profitent pour se balader, se muscler, jouer aux cartes ou s'aérer à leur guise.

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« On a connu l'ancien régime et on voit le changement », témoigne Abdel, détenu depuis trente-sept mois et enfin libérable en février. « C'est moins tendu, il y a moins d'embrouilles », abonde Félix, 53 ans. « De notre côté on a tout à y gagner. On a moins de frustrations, si on a un problème on peut s'adresser à quelqu'un 24 heures sur 24, et on sait très bien ce qu'il faut faire ou ne pas faire si on ne veut pas retourner au “strict” », reprend Abdel.

« On peut faire du sport quand on veut, y compris le week-end, et ça, en détention, c'est sacré », ne sait que trop bien Félix. L'ancien de Fleury-Mérogis suit le module de respect depuis l'ouverture. Le métisse raconte comment il s'est vu se plier à se lever le matin, à ranger sa chambre, à nettoyer les parties communes, et même à sortir les poubelles. « Ces choses, on l'a jamais fait, à l'extérieur comme en détention », relève le quinquagénaire. « Mais tu fais le taf et au bout t'as ça », souligne-t-il en désignant des chaussures de sport flambant neuves. « C'est un cadeau du centre pénitentiaire », dit-il la tête haute. Une récompense « pour bonne conduite »…

«Une évolution positive »

« Avant, notre seul moyen d'action c'était le contrôle des incidents. Grâce à ce contrat et grâce à ce système d'évaluation, on a gagné en autorité. Mais c'est de l'autorité autrement, par le dialogue », loue l'un des 30 surveillants volontaires de ces modules, Fabrice, dit Papy.

Chose « totalement impensable auparavant », certains surveillants convaincus par « l'évolution positive dans les comportements et les rapports humains » ont même eu l'occasion d'animer eux-mêmes des activités sportives ou culturelles.

Abdel, Félix et les autres louent notamment un atelier autour du football encadré par Papy et Philippe, le chef adjoint du CD2. Il est question d'arbitrage, avec à la clé une possibilité de suivre des stages officiels en partenariat avec le District de football des Landes. « C'est d'autant plus intéressant que nous sommes là pour leur faire apprendre les règles et pour leur faire faire appliquer les règles », met en avant l'agent pénitentiaire en charge du projet.

« Jamais un gardien n'aurait fait ça, remarque Abdel. Il continue à nous surveiller, mais là il est avec nous. Au final, le lien il ne peut être que meilleur… »

Sud Ouest

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