vendredi 29 janvier 2016

Taubira laxiste ? Les directeurs de prison ne sont pas de cet avis

Contrairement aux idées reçues, l'ancienne ministre de la Justice prônait la "rigueur" dans les établissements pénitentiaires, où elle a renforcé le renseignement contre la radicalisation islamiste.

Christiane Taubira, alors ministre de la Justice, visite la prison de Saint-Martin-en-Ré le 28 août 2014. (ROBERT/NOSSANT/SIPA)

Christiane Taubira avait des principes. Mais contrairement aux idées reçues à droite et à l'extrême droite, elle n'était pas une ministre de la Justice "laxiste". C'est en tout cas ce qu'affirment les directeurs de prison.


"Il est inexact de qualifier de laxiste" le mandat de Christiane Taubira place Vendôme, indique-t-on au Syndicat national des directeurs pénitentiaires (SNDP), une organisation pragmatique et pas susceptible d'être taxée de gauchisme. Au SNDP, on ajoute :

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Le nombre de détenus et de personnes placées sous main de justice était par exemple supérieur à ce qu'il était à son arrivée" [le 16 mai 2012].

Pour la "rigueur"

"Ses instructions à l'administration pénitentiaire ne sont jamais allées dans le sens d'une moindre rigueur, qu'elle voulait adapter aux divers profils par un fort accent mis sur la prise en charge des condamnés en milieu ouvert", précise l'organisation des directeurs de prison.

Le milieu ouvert concerne les personnes condamnées à des peines alternatives à la prison comme le sursis avec mise à l'épreuve, le travail d'intérêt général, la libération conditionnelle, le contrôle judiciaire ou l'ajournement avec mise à l'épreuve.

Malgré cet état de fait, les préjugés on la vie dure. Mercredi, un peu avant la passation de pouvoir au ministère de la Justice entre Christiane Taubira et son successeur Jean-Jacques Urvoas, un photographe de presse grinçait :

Il paraît que dans les prisons, les détenus sont en deuil : parce que maintenant, ils sont obligés de faire leur peine."

Le renseignement renforcé

Le syndicat indique par ailleurs que sous le ministère de Christiane Taubira, le renseignement pénitentiaire, instauré pour identifier les détenus en voie de radicalisation islamiste, "aura été renforcé".

Toutefois, le "traitement pénitentiaire des terroristes islamistes avérés ou potentiels" n'a pas été "tranché", malgré une expérimentation conduite à Fresnes (Val-de-Marne) à l'automne 2014.

Sur ce sujet, "les services sont en attente d'une doctrine", note le SNDP.

Les directeurs de prison observent par ailleurs que si Christiane Taubira se voulait "profondément réformiste dans le fonctionnement et l'état d'esprit" de l'institution pénitentiaire, son bilan est pourtant "essentiellement quantitatif" avec des créations de postes, qui constituent des "rattrapages appréciables".

Un budget en progression

Avant de tirer sa révérence, l'ancienne garde des Sceaux a souligné que, "rompant avec le précédent quinquennat", celui de Nicolas Sarkozy, ces le budget de la Justice avait connu une progression constante trois dernières années.

Pour la première fois de son histoire, il a franchi le seuil symbolique des 8 milliards d'euros (8,858 milliards d'euros). "Je suis extrêmement fière du travail que nous avons accompli, a-t-elle déclaré aux fonctionnaires du ministère réunis dans la cour d'entrée de la Chancellerie, grâce aux décisions du président de la République de faire de ce ministère un ministère prioritaire".

L'Obs

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