samedi 20 février 2016

La prison de Sequedin n’abriterait pas que des détenus

Conçue, à l’origine, comme une prison modèle, et moderne, la maison d’arrêt est vite devenue, selon le syndicat UFAP dans un tract, un établissement «insalubre» abritant une vraie ménagerie: rats, puces, punaises et récemment sarcoptes, connus sous le nom de la gale.


Dans les miradors, le mât central qui permet de piloter le projecteur laisse passer la pluie qui se retrouve en flaques dans la pièce.

La direction dément.

« La nuit, c’est impressionnant. Il en passe des milliers entre les deux bâtiments réservés aux hommes. Ça n’arrête pas ! » Ce défilé dont parle Guillaume Pottier, secrétaire local UFAP-UNSA-Justice, c’est celui des rats.

Cette prolifération existe selon lui au moins depuis son arrivée, il y a trois ans. « Certaines collègues, explique-t-il, ont peur d’aller jusqu’au mirador ou de faire la ronde de nuit. » Les campagnes de dératisation (« un agent muni d’un seau de blé empoisonné », selon le syndicaliste) seraient inefficaces car sous-dimensionnées. De plus, les détenus continuent de jeter les restes de leurs repas par les fenêtres, ce qui attire les rongeurs.

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La surpopulation carcérale toucherait aussi d’autres bêtes plus petites dont le nom provoque déjà des démangeaisons. Puces et punaises auraient colonisé depuis quatre semaines environ les lits des chambres de veille des surveillants.

Alertée, la direction aurait, selon l’UFAP, distribué des draps et traité la salle avec une bombe aérosol. « On ne demande pas des matelas haut de gamme, exulte M. Pottier, juste huit nouveaux matelas de base pour pouvoir se reposer. » En effet, les surveillants n’oseraient plus s’allonger à cet endroit, de peur de transporter le parasite et de contaminer la maison familiale.

« Un simple coup de bombe »

Trois cas de gale seraient aussi suspectés depuis un mois dans le quartier disciplinaire où se relaient trois gardiens qui ont averti leur hiérarchie. Mais l’élu syndical souligne que la direction brille par son « silence radio ». Là aussi, on change le détenu de cellule et « un simple coup de bombe ».

« À Liancourt, la prison où j’étais avant Sequedin, déclare le représentant du personnel, on était plus carré en termes d’hygiène. » Les fonctionnaires aimeraient savoir de quoi il en retourne, et surtout s’il existe par exemple une procédure particulière lors des fouilles corporelles.

Problèmes d’étanchéité

Dernier souci mis en exergue : des miradors « qui prennent l’eau et le vent ». Une malfaçon qui daterait de la construction de la prison. L’isolation et l’étanchéité seraient assurées par du papier essuie-tout que les gardiens de permanence bourrent dans les interstices.

Au centre de la pièce, le mât qui supporte le projecteur mobile laisse passer la pluie. Et, à la périphérie, le double système de fenêtres laisse pénétrer le vent : l’une fixe et pare-balles, et l’autre coulissante mais qui ne se ferme pas complètement. « Si on est frigorifié, commente Guillaume Pottier, je ne vois pas trop à quoi on sert. »

Absence de dialogue?

Ce que réclame aujourd’hui Guillaume Pottier, secrétaire local UFAP-UNSA-Justice, c’est de pouvoir dialoguer avec sa direction et d’être informé : « Comment traite-t-on la gale ? Comment travailler avec un public touché par la gale ? » Il aimerait d’ailleurs qu’une procédure locale soit rédigée.

Mais l’agence régionale de la santé nous a confirmé que « la gale n'est pas une maladie à déclaration obligatoire ». L'ARS n'a donc pas connaissance de chaque cas qui survient, chez les particuliers ou en collectivité. « Cette maladie, bénigne et contagieuse, précise son représentant, touche toutes les catégories de population et se traite facilement. »

Dératiser l’ensemble des gaines

Le syndicat se dit aussi force de proposition, avec cette idée notamment : comme tous les tuyaux d’arrivée d’eau vont bientôt être remplacés, pourquoi ne pas en profiter pour dératiser l’ensemble des gaines et conduits d’évacuation de l’établissement ?

Mais pour l’instant, le dialogue ne se limiterait qu’aux réunions obligatoires, comme celles du CHSCT tous les trois mois. Car « en onze ans de syndicalisme, souligne l’élu, c’est la première fois que je n’ai pas le numéro de téléphone portable professionnel du directeur. »

Alain Jégo: «Ce tract est scandaleux»

Nous avons contacté Alain Jégo, directeur interrégional de l’administration pénitentiaire, afin de connaître son point de vue sur les problèmes énoncés dans le tract syndical.

Il nous a d’abord répondu ne pas vouloir donner écho à ces « informations absolument fausses » pour ne pas « médiatiser ce genre de sottises ». « Le ridicule ne tue pas, a-t-il d’ailleurs ajouté. C’est affligeant... »

Il a quand même évoqué le problème des rongeurs : « Oui, comme dans d’autres établissements, il y a des rats. On lutte régulièrement avec une dératisation 4 à 5 fois dans l’année. »

Alain Jégo ne nie pas la présence de rats ou les problèmes de gale. Pour les rats, il y a dératisation plusieurs fois par an. Pour la gale, on traite la cellule. Ph Sami BELoumi

« Un seul agent s’est plaint de démangeaisons »

La gale ? « Nous accueillons des gens qui viennent parfois de la rue et qui ont ce genre de parasite. C’est bénin, ce n’est pas la tuberculose. Le détenu passe par l’unité sanitaire. On désinfecte et on traite la cellule mais il n’y a pas de procédure particulière à mettre en place. »

Sur sa lancée, il dénonce à son tour : « Concernant les puces et les punaises, ce tract est scandaleux. C’est vraiment du n’importe quoi. Un seul agent s’est plaint de démangeaisons et, dès le lendemain, le problème a été réglé par notre opérateur habituel qui a traité l’ensemble des literies des salles de repos des agents. »

La Voix du Nord

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