jeudi 24 mars 2016

L’étrangleur de Strasbourg condamné à la prison à perpétuité

Les jurés de la cour d’assises du Bas-Rhin ont suivi les réquisitions du parquet.

L’accusé a semblé impassible à l’énoncé du verdict. Selon son avocat Éric Braun, « il s’attendait à une peine très lourde ».

Fustigeant des « crimes pervers » mus par « une pulsion abjecte » et un « égoïsme sans borne », l’avocat général Laurent Guy avait estimé que l’accusé de 53 ans devait « affronter son passé », qui est « encore le présent des victimes ».

L’un des enjeux du procès concernait l’éventuelle prescription du meurtre de Martine R., tuée à 17 ans, tout près de sa sœur Patricia qui dormait dans la chambre adjacente.

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Si les jurés avaient estimé qu’il s’était agi d’un simple meurtre, les faits auraient été considérés comme prescrits.

Mais le parquet avait estimé que les faits n’étaient pas prescrits car ils avaient été accompagnés d’« actes de barbarie », l’accusé s’étant « amusé avec son corps » et ayant « porté atteinte à sa dignité » en la dénudant et en lui coupant des poils pubiens. Les avocats de Nicolas Charbonnier avaient au contraire plaidé que ces éléments ne pouvaient être qualifiés d’actes de barbarie.

Le délai de prescription dans le cas de Marion V. n’était pas dépassé, la tentative d’homicide ayant été accompagnée d’un viol.

Il avait reconnu les faits

La fillette de 10 ans avait été laissée pour morte par son agresseur, dans l’appartement familial où il était entré de nuit par effraction.

Les crimes pour lesquels M. Charbonnier était jugé depuis jeudi dernier n’avaient été élucidés qu’en 2013, 27 ans après les faits. Une empreinte de la paume de sa main, qui n’avait jusqu’alors jamais « parlé », correspondait à celle fichée peu auparavant pour un banal vol qu’il avait commis dans le sud de la France.

Dès le début du procès, lundi, l’accusé a reconnu avoir commis « l’horreur » : il a affirmé s’être introduit chez ses victimes dans le but de les cambrioler, mais sans pouvoir expliquer pourquoi il avait ensuite cédé à des pulsions sexuelles et meurtrières.

Il a aussi jugé « ignobles » et « intolérables » les appels téléphoniques anonymes dans lesquels, se faisant passer pour « Zorro », il avait nargué les parents de la petite Marion peu après les faits.

Pour son défenseur, Nicolas Charbonnier « veut et doit payer » ses crimes, qu’il a avoués car il ne veut pas « se résumer […] aux actes qu’il a commis en 1986 ; il n’est pas que cela ». « Le Charbonnier d’hier n’est pas le Charbonnier d’aujourd’hui », avait renchéri sa consœur Me Caroline Bolla, pour qui son client ne mérite pas la perpétuité car « il n’est plus dangereux pour la société ». Mais, les jurés ne l’ont pas entendue.

Il avait refait sa vie

C’est à Bordeaux que Nicolas Charbonnier, ancien militaire avait refait sa vie, tour à tour déménageur, employé de banque ou vendeur en intérim.

Et vécu 17 ans avec une femme dont il a eu une fille, aujourd’hui âgée de dix ans.
Il a été arrêté le 22 janvier 2013 à Saint-Jean-d’Illac, en Gironde.

L’homme alors âgé de 51 ans avait été interpellé très précisément le jour du 27e anniversaire des premiers faits qui lui étaient reprochés.

Dans une sorte de « Cold Case » à la française, un policier n’avait jamais renoncé a effectué de nouvelles comparaisons ADN à partir de la fameuse empreinte palmaire conservée depuis 1986. Sa persévérance a donc payé.

La Dépêche

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