jeudi 31 mars 2016

Prison: conseillers d'insertion et de probation reçus place Vendôme

Fer de lance de la prévention de la récidive, les conseillers et cadres des services pénitentiaires d'insertion et de probation (SPIP) manifestent depuis février leur mécontentement sur leurs conditions de travail: leurs représentants sont reçus mercredi par le garde des Sceaux.

Le ministre de la Justice Jean-Jacques Urvoas à son arrivée le 21 mars 2016 à l'Elysée à Paris

Peu connus du grand public, ils sont pourtant au coeur de l'exécution des peines prononcées par les tribunaux et accompagnent à ce titre quelque 250.000 personnes prises en charge par l'Administration pénitentiaire (AP).

Leur rôle de suivi concerne aussi bien les détenus (appui socio-éducatif, préparation à la sortie) que les personnes bénéficiant d'un aménagement de peine (semi-liberté, bracelet électronique, placement extérieur) ou celles suivies en milieu ouvert (libération conditionnelle, sursis mise à l'épreuve, contrainte pénale ou travail d'intérêt général).

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Mais, depuis février, rien ne va plus entre ces fonctionnaires qui s'estiment mal considérés, l'Administration pénitentiaire et le ministère de la Justice, où ils doivent rencontrer Jean-Jacques Urvoas mercredi après-midi.

Les conseillers et cadres des SPIP ont multiplié les grèves du zèle, boycotts de réunions, journées mortes et assemblées générales, leur statut spécial les privant du droit de grève.

Selon l'intersyndicale CGT-SNEPAP-FSU-CFDT Interco Justice, une centaine de sites, représentant 80% de la profession, ont rejoint le mouvement qui compte monter encore en puissance s'il n'est pas entendu.

Des rassemblements sont ainsi prévus le 31 mars à Strasbourg devant la Direction interrégionale des services pénitentiaires et les 7 et 14 avril à Paris, devant la direction de l'Administration pénitentiaire et le Tribunal de grande instance, avant la tenue d'une manifestation nationale programmée le 10 mai à Paris.

"Favorables à une politique pénale progressiste et humaniste", les syndicats dénoncent "les orientations sécuritaires" du gouvernement qui, "sous l'angle carcéral", se traduit selon eux par une "mise au bord de la route" de leur "filière"

- 'Un conseiller pour 120 personnes' -

Les Spip sont "les grands oubliés de l'Administration pénitentiaire" qui "les a écartés en décembre 2015 de +mesures historiques+ (revalorisation indemnitaire et statutaire) dont a bénéficié le reste du personnel de l'AP dans le cadre du plan de lutte anti-terrorisme (PLAT)", constatent les syndicats.

"Pourtant, les SPIP sont impactés de plein fouet par l'état d'urgence", soulignent-ils, évoquant notamment leur rôle dans le signalement des personnes radicalisées.

Plus généralement, l'intersyndicale dénonce un décalage entre l'augmentation des missions confiées aux SPIP, notamment lors de la réforme pénale de Christiane Taubira visant à développer les alternatives à la prison, et les moyens dont ils disposent.

On dénombre aujourd'hui 4.000 conseillers et encadrants répartis dans 103 SPIP en France. Selon les syndicats, chaque conseiller suit en moyenne 120 personnes, alors qu'un agent de probation en suit 50 à 70 en Allemagne et 30 au Canada.

"Explosion des charges de travail, accumulation des priorités, conditions de travail dégradées, souffrance au travail... notre réalité est intenable", dénonce l'intersyndicale.

Après la réforme pénale, un recrutement de 1.000 conseillers et cadres a été programmé sur 4 ans pour accompagner le surcroit de travail et ramener le ratio de personnes suivies à 60 en moyenne. Mais, pour les syndicats, ce renfort ne servira à terme qu'à compenser les départs enregistrés (départs volontaires, retraites, détachements...)

Les syndicats réclament en conséquence "un plan de recrutement permettant un véritable renforcement en ressources humaines dans les SPIP, inscrit dans la loi de finances pour 2017". Selon eux, le budget devrait être calculé "sur la base du nombre de personnes suivies par les services".

Ils souhaitent également l'ouverture de négociations statutaires et une remise à niveau indemnitaire.
Parmi leurs autres revendications, les représentants des CPIP (conseillers) et DPIP (cadres) demandent l'abrogation d'un dispositif de "pré-affectation" des stagiaires en formation "sur les sites les plus en pénurie d'effectifs" au détriment "d'un apprentissage de qualité". Ils revendiquent enfin une égalité de traitement pour les pensions retraites des assistants de service social qui ont intégré le corps des CPIP en 2010.

TV5Monde

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