mercredi 27 avril 2016

Languedoc Roussillon Midi Pyrénées - Surchauffe dans les prisons de la grande région

Le nombre de personnes incarcérées augmente sans cesse dans la région et plusieurs établissements pénitentiaires, comme Nîmes ou Perpignan, sont surchargés. La tendance ne va pas s'inverser.

Surchauffe dans les prisons de la grande région

Le phénomène est enclenché depuis plus d'un an, et rien ne semble pouvoir l'arrêter. Depuis le début 2015, le nombre de personnes incarcérées dans les prisons de la région Languedoc Roussillon Midi Pyrénées est en constante augmentation :
5 287 en janvier 2015, 5 246 en janvier 2016, 5 710 au 1er  avril dernier.

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Une tendance qui touche surtout les prévenus, ceux qui ont été écroués et attendent leur procès : la hausse de cette catégorie de la population pénale est de 28 % en un an, alors que la part des condamnés incarcérés a, elle, baissé de 6 %.

À l'arrivée, les capacités d'hébergement de l'administration pénitentiaire sont largement dépassées, surtout dans les maisons d'arrêt, qui abritent les trois quarts de la population pénale. En théorie, dans ces établissements, chaque détenu devrait être seul dans sa cellule.

"Au 18 avril 2016,on compte 217 matelas au sol dans les maisons d'arrêt"

Un vœu pieu : chaque cellule accueille deux lits superposés, ce qui double de facto sa possibilité d'accueil. Mais cela ne suffit pas. La seule solution est alors de rajouter un troisième matelas, posé directement au sol, et de faire vivre trois personnes dans les 9 m2 réglementaires.

"Au 18 avril 2016, on compte 217 matelas au sol dans les maisons d'arrêt", indique-t-on à la direction régionale de l'administration pénitentiaire à Toulouse. Principaux établissements touchés, ceux de Nîmes et de Perpignan, qui affichent des taux de surpopulation massifs : 219 % à Nîmes, 187 % à Perpignan. À Nîmes, plus de 70 détenus, dont une dizaine de femmes, se retrouvent ainsi sur des matelas au sol. À Perpignan, cela concerne une soixantaine de personnes.

Des transferts de détenus du Midi vers l'Aquitaine

"Un directeur de prison ne peut pas refuser de prendre en charge une personne qu'un juge ou qu'un tribunal vient de décider d'écrouer. Il n'y a pas de numerus clausus", précise un responsable de l'administration pénitentiaire.

Seule possibilité pour essayer de gérer au mieux les effectifs : l'organisation de transfert des prisons surpeuplées vers d'autres établissements moins impactés. Mais le remède reste limité : "Les détenus prévenus doivent rester à proximité du magistrat instructeur", explique-t-on à l'administration pénitentiaire.

De même, la loi impose à la justice de s'efforcer de maintenir les liens entre un détenu et sa famille : il n'est donc pas facile d'envoyer un détenu de Béziers vers une prison d'Aquitaine, car cela revient à imposer des voyages pénibles et coûteux à ses proches, sa femme ou ses enfants, pour se rendre au parloir.

471 détenus concerné l'an passés

"Seuls des condamnés définitifs, sans attache familiale, volontaires pour partir peuvent être transférés" vers les prisons dépendant de la région bordelaise, qui dispose d'une centaine de places libres.

L'an dernier, 471 détenus ont ainsi été transférés du Midi vers l'Aquitaine. Au cours de ce mois d'avril, une quarantaine d'autres détenus vont suivre le même chemin. Pas de quoi désengorger les prisons de notre région, alors que les services d'enquêtes et les tribunaux tournent à plein régime.

Entretien avec Johann Reig, délégué régional de l'Ufap/Unsa

Quelle est la situation dans les prisons de notre région, comme à Perpignan où vous travaillez ?

On n’a jamais vu ça, surtout dans les quartiers pour femmes, où la population a beaucoup augmenté. Être à trois dans une cellule, c’est invivable pour les détenus.

À Nîmes, il n’y a pas de douche en cellule, et devoir utiliser les toilettes devant les deux autres, c’est forcément difficile. Cette promiscuité, cela crée des tensions, de l’agressivité. Et nous, quand on ouvre la porte de la cellule, on cristallise toute cette tension.

À Carcassonne, qui est une petite maison d’arrêt, ils ont encore moins de facilité pour agir lorsque deux détenus ne s’entendent pas entre eux. C’est plus facile de les séparer quand la prison est grande.

Avec la création de la nouvelle prison de Béziers, on était très optimistes, mais cela a duré deux ans, et maintenant, c’est plein. Mais la prison est neuve, il y a des douches en cellule, c’est plus facile.

Comment ça se passe quand il faut amener un troisième détenu dans une cellule ?

Une personne qui est incarcérée à, au départ, un “parcours arrivant”, dans un quartier à part, où elle est seule en cellule et voit le directeur, un psychologue. Le problème vient lorsqu’il faut l’affecter dans un étage.

Quand ils arrivent avec leur paquetage dans une cellule avec déjà deux personnes, certains font des refus d’entrer. Dans ce cas, ils partent directement au quartier d’isolement. On peut aussi se retrouver avec des bagarres en cellules, ou des gens qui deviennent des boucs émissaires, qui vont subir des brimades, se retrouver à faire le ménage et la vaisselle pour les deux autres, par exemple.

Comment résoudre le problème ?

Je pense que la seule solution est de construire de nouvelles prisons, il faudrait une maison d’arrêt sur le secteur de Carcassonne, et une autre avec un quartier femme important. Il y a un projet d’agrandissement de celle de Nîmes, mais on n’a pas de nouvelles. Il faut un programme de construction important.

Midi Libre

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