dimanche 17 avril 2016

Prison : un ex-boxeur condamné pour un KO assené à un détenu

L'affaire en dit long sur l'univers carcéral. Omerta, violence entre détenus, tentatives de racket...

La violence et ses conséquences, une des réalités de la prison. / DDM archive illustration

Derrière les barreaux se jouent aussi à huis clos des drames humains aux conséquences parfois irréversibles. Le 27 avril 2013, Ludovic Aubert, alors âgé de 43 ans, détenu dans un dossier de braquage, tombe foudroyé par deux coups de poing assenés en pleine face par Charles Charlemagne, à la maison d'arrêt de Seysses.

Un impressionnant K.-O lors d'une promenade provoquant sur la victime d'importantes séquelles et une amnésie partielle. À l'origine de ce déchaînement de violence, des accusations de «pointeur» (terme qui désigne les violeurs dans le jargon carcéral), proférées par Aubert en direction de son agresseur, ex-boxeur d'origine haïtienne, alors détenu à Seysses dans une affaire de viol dont il s'estime parfaitement innocent.

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Il sera d'ailleurs acquitté lors de son procès aux assises.

Jugé pour violence suivie d'une infirmité permanente, Charles Charlemagne, 36 ans, vient d'être condamné à 2 ans de prison, par le tribunal correctionnel de Toulouse. Il devrait bénéficier d'un aménagement de peine car, trois ans après les faits, il a déjà effectué huit mois sous les verrous. Le ministère public avait requis 4 ans de prison.

Mais pour son avocat, cette affaire malheureuse aurait pu être évitée. «Durant son placement en détention dans le dossier de viol, pour lequel il a fini par être acquitté, j'ai fait des demandes de remise en liberté qui ont été refusées.

S'il avait été libéré, ces violences n'auraient pas eu lieu», regrette Me Djammen Nzepa qui estime que l'État pourrait être «associé à la condamnation civile» de son client. Souffrant d'importantes séquelles motrices au départ, Ludovic Aubert avait été hospitalisé, victime de «chocs bilatéraux» et d'un syndrome frontal important. À ces blessures extrêmement graves, s'ajoutent alors les difficultés à faire éclater la vérité dans un milieu clos où certains témoins ont préféré garder le silence.

«Il a fallu recueillir des témoignages de détenus, batailler face à l'administration pénitentiaire pour que ce désastre humain soit enfin jugé et porté à la connaissance du public», estime l'avocat de la partie civile, Me Alexandre Martin. Aujourd'hui, Ludovic Aubert souffre d'un handicap à vie. Ses interventions verbales varient entre lente logorrhée délirante et moments de lucidité.

La Dépêche

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