mardi 17 mai 2016

Attentat de la rue Copernic : le suspect sort de prison sous bracelet électronique

L'ex-femme d'Hassan Diab affirme qu'il était au Liban le 28 septembre 1980. Pour l'accusation, il était déjà en France, préparant l'attentat contre la synagogue parisienne (4 morts le 3 octobre 1980). 

Entendue une première fois en 2008, l'ex-épouse, invoquant le droit de ne pas s'auto-accuser, n'avait pas répondu aux questions du juge Trévidic.

Hassan Diab, le principal suspect de l'attentat contre la synagogue de la rue Copernic le 3 octobre 1980 à Paris (4 morts), est sorti de prison samedi pour un placement sous bracelet électronique, après le témoignage à décharge de sa première épouse.



Extradé par le Canada en novembre 2014, après six ans de procédure, Hassan Diab était incarcéré depuis. Citoyen canadien d'origine libanaise, cet ancien professeur de sociologie, accusé d'avoir été membre du Front populaire de libération de la Palestine-Opérations spéciales (groupuscule terroriste palestinien des années 70-80), est mis en examen des chefs «d'assassinats, tentative d'assassinats, destruction volontaire de biens» en relation avec une entreprise terroriste.

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Le 9 mai, un juge des libertés et de la détention a donc décidé d'interrompre sa détention provisoire mais le parquet de Paris a fait appel. Quelques jours plus tôt, dans le cadre d'une seconde procédure distincte, une décision exactement contraire avait pourtant été prise. Le juge d'instruction Jean-Marc Herbaut, qui a pris la succession de Marc Trévidic sur ce dossier, avait lui aussi ordonné une remise en liberté sous surveillance électronique. Mais le parquet avait fait un référé-détention qui avait suspendu cette mesure. Le 13 mai, la chambre de l'instruction avait confirmé la détention en considérant qu'elle s'avérait nécessaire pour deux raisons:

- assurer [la] représentation en justice [du mis en examen], l'hébergement de Monsieur DIAB chez des gens qui ne le connaissent pas étant une garantie insuffisante, d'autant plus qu'il pouvait faire utilisation de ses attaches à l'étranger pour fuir.

- remédier au trouble persistant à l'ordre public s'agissant d'un attentat commis avec explosifs, contre une communauté religieuse, ayant tué quatre personnes et ayant gravement blessé plusieurs autres personnes.

La sortie de prison d'Hassan Diab est la conséquence d'un événement survenu courant avril, quand la première femme d'Hassan Diab, Nawal Copty, est venue témoigner en sa faveur à Paris. D'origine libanaise, Nawal Copty est aujourd'hui cadre supérieur dans une société informatique de la région de San Francisco. Elle a déclaré que le 28 septembre 1980, soit six jours avant l'attentat, Hassan Diab l'avait conduite à l'aéroport de Beyrouth d'où elle s'était envolée pour le Royaume-Uni. Ce qui de facto innocenterait son ex-mari puisque , selon l'accusation, Hassan Diab était déjà en France à cette date. Nawal Copty aurait assuré au juge d'instruction que des membres de sa famille sont en mesure de confirmer ses dires et l'on peut imaginer que le juge s'efforcera d'entendre les intéressés dans les mois qui viennent.

Nawal Copty a visiblement décidé de changer d'attitude. Le 24 novembre 2008, elle avait en effet été entendue en Californie, en présence de Marc Trévidic, en vertu d'une commission rogatoire internationale. Elle avait alors refusé de répondre à la plupart des questions, y compris les plus anodines, en invoquant le 5ème amendement de la Constitution des États-Unis d'Amérique permettant à un témoin de ne pas s'accuser lui-même dans des conditions pouvant entraîner des poursuites pénales à son encontre aux États-Unis. On lui avait alors précisé que rien ne l'accusait dans le dossier français, qu'elle était entendue en simple témoin et que sa déposition était recherchée à charge et à décharge, Hassan Diab proclamant son innocence. Mais Nawal Copty était restée silencieuse.

Plus de sept ans plus tard, elle a donc changé d'avis. Pour quelles raisons? Entendu par le juge Herbaut le 15 janvier 2016, Hassan Diab avait regretté le silence de son ex-femme en 2008, avançant l'hypothèse qu'elle avait certainement suivi les conseils de son avocat de l'époque. Lors de son audition, l'informaticienne américaine a bien expliqué qu'à l'époque, elle avait seulement suivi les conseils de son avocat.

Dans sa décision du 9 mai, le juge des libertés et de la détention considère, selon l'AFP, que le témoignage de Nawal Copty est sujet à caution et mérite d'être vérifié mais qu'il faut en tenir compte. De source proche du dossier, on précisait mardi qu'en dehors des propos de son ex-épouse, restée proche de son ancien mari au fil des ans, rien ne prouverait la présence au Liban du suspect.

L'avocat d'Hassan Diab, William Bourdon, a salué mardi des décisions «parfaitement cohérentes par rapport à un dossier dont les charges, modestes dès le départ, se sont très largement amenuisées du fait des dernières auditions». Conseil de plusieurs parties civiles, Me Bernard Cahen, apprenant cette décision, a trouvé qu'il était «scandaleux qu'une mise en liberté ne soit pas signifiée aux victimes».
La chambre de l'instruction de la Cour d'appel de Paris débattra prochainement de l'appel du parquet.

Le Figaro

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