mardi 25 octobre 2016

La France teste le programme «Respecto» qui donne plus de libertés aux détenus

Ce projet, inspiré d'un programme pénitentiaire espagnol, a été adapté dans les prisons de Mont-de-Marsan et de Villepinte. Son principe : un contrat basé sur le respect qui offre des «avantages» aux détenus mais aussi des obligations.

Les couloirs de la prison de Villepinte (Seine-Saint-Denis) ont été repeints dans le cadre du projet «Respecto»

À Mont-de-Marsan (Landes) et Villepinte (Seine-Saint-Denis), la relation entre détenus et surveillants a été totalement bouleversée.



Le projet «Respecto» est un accord qui permet aux prisonniers de bénéficier d'avantages, comme celui d'être en possession de la clé de leur cellule sur un laps de temps défini.

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Mais pour bénéficier de ces avantages, le détenu doit signer une «charte». Il doit se soumettre à des contraintes et surtout avoir une attitude respectueuse, envers le personnel surveillant et ses co-détenus. Tout écart de conduite est sanctionné d'une exlusion du programme, qui signifie un retour en détention «normale».

Inspiré de programmes menés en Espagne, ce projet a pour but de «casser le rapport de force entre les détenus et les surveillants, comme l'explique Nicolas Peyrin au Figaro. Délégué CGT pénitentiaire, l'homme a participé à la mise en place du premier projet de ce type à Mont-de-Marsan, il y a un an.

Sa finalité: faire baisser les violences et les incivilités dans l'institution pénitentiaire. Depuis un mois, la maison d'arrêt de Villepinte, réputée concentrer les «pires détenus de France», tente aussi cette expérience. Le 26 septembre, les surveillants ont ouvert les 90 cellules du bâtiment E et confié les clés à leurs 184 occupants. «Quand j'ai dit que je voulais faire ça à Villepinte, on m'a prise pour une dingue et une kamikaze», a déclaré Léa Poplin, la directrice de l'établissement.

Nicolas Peyrin explique que ce projet qui rencontre un franc succès depuis plus d'un an à Mont-de-Marsan est d'abord basé sur le volontariat.

Du côté des surveillants, «il y a eu plus de volontaires, que de postes prévus, ce qui nous a surpris», affirme le syndicaliste. Les détenus quand à eux devaient «être signataires» et accepter les avantages et les inconvénients.

A Villepinte, le contrat offre aux détenus des cellules ouvertes en journée, un accès libre aux douches et au terrain de sport en soirée entre autres. Mais en échange, il y a des obligations: lever à 7h30, cours d'éducation civique ou encore séance de ménage.
Les origines du projet «Respecto»

Nicolas Peyrin a fait parti d'un voyage mené en Espagne en 2015 dans le cadre d'une étude pour la prévention des violences dans le milieu pénitentière. C'est dans ce pays qu'est né le projet «Respecto», en 2001, dans la prison de Mansilla de las Mulas (León). «Nous voulions repartir sur d'autres bases, changer le rapport entre surveillants et détenus», confie-t-il au Figaro. «Le rapport de confiance s'étant largement dégradé au court des dix dernières années et nous voulions réinstaller un échange».

En Espagne comme en France, le «Modulo de Respeto» se concrétise en un quartier séparé à l'intérieur d'un établissement pénitentiaire. Le succès qu'il rencontre au-delà des Pyrénées fait qu'il a été étendu à toutes les prisons du pays. Selon l'institution pénitentiaire espagnole, le but des «modules Respecto» est de parvenir à un climat de coexistence et de respect parmi les résidents de l'établissement. Et selon le modèle espagnol, il est impératif que ce ne soit pas «imposé» aux personnes en présence. Le volontariat est donc à la base de ce projet.

En France, malgré quelques accrocs, les surveillants sont largement satisfaits de cette nouvelle approche de leur métier. Il y a eu notamment des exclusions du programme à Mont-de-Marsan, mais «pas plus de vingt», selon Nicolas Peyrin et «aucune agression physique».

Le Figaro

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