mercredi 23 novembre 2016

1 100 prisonniers à Villepinte pour… 587 places

Plus de 1 100 détenus à la maison d’arrêt de Villepinte. Ce record fait craindre le pire dans les rangs des surveillants qui ne savent plus par quel moyen tirer le signal d’alarme. 


« On a l’impression qu’il faut attendre que quelqu’un soit sur le carreau pour qu’il y ait une réaction », se désole Philippe Kuhn, représentant du Syndicat pénitentiaire des surveillants (SPS).



Des détenus entassés « comme des sardines » sur des matelas à même le sol, des personnels au bord de la crise de nerfs… Le tableau dépeint par tous les syndicats est des plus noirs. Jamais encore le plafond de 1 100 détenus n’avait été dépassé.

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« Et la réponse de la direction interrégionale, c’est de nous promettre d’envoyer quinze matelas ! » pestait le SPS le 20 novembre.

Sollicitée, la direction interrégionale de Paris n’a pu être jointe, mais plusieurs sources pénitentiaires confirment que quelques détenus ont été transférés vers d’autres prisons. Les places libérées ne le resteront peut-être pas longtemps.

Seize nouvelles arrivées ont été comptabilisées vendredi dernier, après des incarcérations prononcées par plusieurs tribunaux franciliens, alors que Villepinte est la deuxième maison d’arrêt la plus surpeuplée (lire ci-contre).

Les surveillants se sentent en danger

Ces derniers mois, pas une semaine ou presque ne s’est écoulée sans que les syndicats ne rapportent des tensions ou agressions.

« A chaque ouverture de porte, c’est l’inconnu », insiste Blaise Gangbazo de CFTC- justice. Des surveillants, qui « si leur statut spécial ne les en empêchait, feraient valoir leur droit de retrait », atteste Erwan Saoudi (FO), « la sécurité des surveillants pénitentiaires n’étant vraiment plus assurée ».

« Lundi, un détenu a voulu passer un surveillant par-dessus la rambarde des escaliers, en le saisissant par les pieds pour le faire basculer dans le vide », abonde Philippe Kuhn.

Un corps à corps s’en est suivi, l’alarme a été déclenchée et le détenu a été enfermé au quartier disciplinaire. La discorde serait partie d’un problème d’accès à la cabine téléphonique. Le surveillant devait déposer plainte ce mardi.

Si elle devait perdurer, la situation pourrait mettre en difficulté le module Respecto, expérimenté depuis septembre à Villepinte : pour réduire les incivilités et les violences, justement, la direction de la maison d’arrêt a regroupé les détenus volontaires sur un bâtiment.

Ces 190 prisonniers, prévenus et condamnés, peuvent sortir de leur cellule en journée pour participer à 25 heures d’activités hebdomadaires. En échange, leur comportement doit être exemplaire. A défaut, c’est le retour en détention normale. Encore faut-il que les cellules puissent accueillir de nouveaux matelas.

Les maisons d’arrêt pleines à craquer en Ile-de-France

Jamais les prisons n’ont accueilli autant de prisonniers. Avec 68514 détenus au 1er octobre 2016, la France bat ses propres records depuis vingt ans, comme en atteste l’état des lieux mensuels rendu public par l’administration pénitentiaire.

Les maisons d’arrêt, où sont incarcérés les prévenus mis en examen et les condamnés à de courtes peines, sont les prisons où les détenus ont le moins de place.

Et particulièrement en Ile-de-France, où le taux de suroccupation atteint un record avec 165 % : Fresnes (Val-de-Marne - 195%), Meaux-Chauconin (Seine-et-Marne - 185%), Villepinte (180%), Nanterre (Hauts-de-Seine - 176%), Fleury (Essonne - 153%), Osny (Val-d’Oise - 152%), Bois-d’Arcy (Yvelines - 149%) et enfin la maison d’arrêt des femmes de Versailles (Yvelines - 72%). Des statistiques qui se sont encore aggravées, au moins à Villepinte tout au moins (188%).

Le Parisien

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