lundi 19 décembre 2016

Prison de Fresnes: mobilisation des avocats contre les conditions de détention

La commission pénale du barreau de Paris lance un mouvement de demande de mise en liberté des détenus de la prison Fresnes pour traitement inhumain suite au rapport du contrôleur général des lieux de privation de liberté.

La prison de Fresnes «ne présente pas les conditions structurelles permettant d'accueillir la population pénale dans le respect de ses droits fondamentaux», assure la commission pénale du barreau du Paris.

La commission pénale du barreau de Paris prend le mors au dent et se rebiffe.


Moins d'une semaine après la publication du rapport du contrôleur général des lieux de privation de liberté concernant l'état scandaleux et désastreux de la prison de Fresnes, sa présidente, l'avocate pénale Marie-Alix Canu-Bernard, lance un grand mouvement de protestation à l'usage de tous les barreaux de région parisienne et de tous les avocats ayant un client incarcéré à la prison de Fresnes.

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Des centaines de dossiers pourraient atterrir sur les bureaux des magistrats de permanence pendant la trève estivale. De quoi gripper la machine

Ainsi la commission pénale demande-t-elle aux avocats d'adresser des demandes de mise en liberté de tous les prévenus et de faire des requêtes d'aménagement de peine auprès des juges de l'application des peines pour ceux y purgeant une peine (cf. texte ci-dessous).

Le mouvement se poursuivra jusqu'au 10 janvier. Il est aussi recommandé aux avocats d'interjeter appel et même de se pourvoir en cassation en cas de rejet des demandes. Des centaines de dossiers pourraient atterrir sur les bureaux des magistrats de permanence pendant la trève estivale. De quoi gripper la machine.

«En notre qualité d'avocat, et à la suite de la publication, le 18 novembre dernier, de la recommandation en urgence de madame le contrôleur général des lieux de privation de liberté relative à la maison d'arrêt des hommes de Fresnes démontrant que cet établissement ne présente pas les conditions structurelles permettant d'accueillir la population pénale dans le respect de ses droits fondamentaux, nous nous devons de réagir.

En effet, si les gardes des Sceaux successifs depuis 10 ans ont tous constaté cette situation, ils n'y ont nullement remédié», affirme l'appel. Ce dernier dénonce le fait que «l'administration pénitentiaire n'est pas seulement défaillante, elle compromet la santé physique et psychique des personnes dont elle a la charge».

«L'administration pénitentiaire, qui a pour mission de punir, a aussi celle de réinsérer»
Marie-Alix Canu-Bernard, avocate pénale

Le problème ne concerne pas le seul établissement de Fresnes. L'avocate Stéphane Aziza raconte le cas de ce monsieur de 53 ans incarcéré pour 8 mois pour conduite sous l'empire de l'alcool au centre de semi-liberté de la santé et qui, dévoré par les punaises, a refusé d'y retourner.

Les policiers l'ont retrouvé dans son canapé, traumatisé. Il a été condamné pour évasion à trois mois ferme en appel et est actuellement détenu à Fleury-Mérogis.

«L'administration pénitentiaire, qui a pour mission de punir, a aussi celle de réinsérer. Les conditions dans lesquelles vivent ceux que nous défendons rendent impossible l'accomplissement de cette mission», affirme Marie-Alix Canu-Bernard qui conclut, après ce rapport, à l'aveu d'impuissance de la Chancellerie et de l'administration pénitentiaire.

«Les conditions de détention créent une violence extrême entre détenus et avec les surveillants, des situations de non-droit , de corruption et même de marché noir», s'insurge Marie-Alix Canu-Bernard, qui ne décolère pas.

Elle bénéficie du soutien du futur vice-bâtonnier, l'avocat pénaliste Basil Ader, qui s'engage à ses côtés dans son action.

Le Figaro

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