vendredi 12 mai 2017

Shit et mobiles ne tomberont plus du ciel à la maison d'arrêt de Limoges

Il aura fallu une pétition du voisinage, des coups de gueule dans la presse et 600.000 € de budget. Cet été, la quasi-totalité des espaces ouverts de la maison d’arrêt seront recouverts d’un filet.


Un jour comme un autre, dans le quartier qui jouxte la maison d'arrêt de Limoges. Denise, 78 ans, s'affaire dans sa cuisine. Soudain, elle entend crier dehors. « Encore ! », se désespère-t-elle.


Un regard dans la cour confirme son pressentiment. Là, deux jeunes garçons extérieurs au quartier escaladent une gouttière pour gagner le toit des garages. Ils atteignent le mur de la maison d'arrêt, sortent des petits paquets, puis les balancent dans la cour de promenade des détenus.

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« En deux minutes, c'est plié. » Depuis plusieurs années, souvent plusieurs fois par jour, la retraitée observe le manège, cachée derrière ses rideaux. Ou plutôt observait.

Car depuis novembre, des filets en inox sont suspendus au-dessus des espaces ouverts que fréquentent les détenus de l'établissement pénitentiaire. Cette semaine, le déploiement concerne le quartier disciplinaire. Dans une semaine, ce sera la promenade des mineurs. « Ouf ! », respire Denise, qui apprécie le retour du silence.

« On a beaucoup souffert de tout ça dans le quartier », glisse-t-elle. « Il y a six mois, le toit des garages a été inondé. Un paquet d'herbe, très bien emballée, bouchait la gouttière », raconte Philippe, un autre riverain. Et puis il y a eu « la porte cassée », « une voisine embêtée », sans oublier l'inquiétude ambiante. « Les personnes âgées étaient stressées » confie Dorothée, la gérante d'une entreprise de ménage.

Cafetières, shit, viande…

Dans la maison d'arrêt, aussi, on souffle. Parachutage de drogue (cannabis à 99 %), smartphones, alcool, sandwiches, cigarettes et même console de jeu, cafetières, viande crue ou lame de cutter… Voilà qui compliquait la tâche des surveillants.

Après plusieurs alertes, notamment par voie de presse, et au bout de trois ans de patience, l'administration pénitentiaire a débloqué les 600.000 euros nécessaires à la pose du dispositif. Seules les femmes, depuis leur quartier, continueront « pour l'instant » de voir le ciel sans grille argentée.

Des téléphones de la taille d'une clé USB

« Complexe », car soumis à la réglementation des prisons (surveillance des nacelles, neutralisation d'espaces, introduction de matériel de nuit par grue…), le chantier fait quand même l'unanimité. Dans le bureau d'Éric Tardieu, directeur de la maison d'arrêt, la caisse en bois estampillée « Projections MA Limoges » demande moins de levées policières qu'avant. « Ces trois derniers mois, nous avons trouvé la quantité de shit que nous collections en quinze jours autrefois. Pour les téléphones, il y en a cinq, c'est très peu. Avant, on pouvait en taper une cinquantaine dans le même laps de temps », compte le directeur, en manipulant les sachets.

Formellement interdits car potentiellement dangereux, propices au trafic interne ou menaçants pour la sécurité pure, les objets interdits n'ont toutefois pas disparu des cellules...

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