jeudi 19 avril 2018

Atteint de sclérose en plaques, Tariq Ramadan peut être soigné en prison

Le théologien suisse de 55 ans, écroué en février pour des accusations de viol qui se sont multipliées depuis, avait invoqué sans succès son état de santé pour être libéré.

Tariq Ramadan est écroué à la prison de Fleury-Mérogis (Essonne) depuis sa mise en examen, le 2 février, pour viol et viol sur personne vulnérable à la suite des plaintes de deux femmes. Le théologien suisse de 55 ans, qui conteste toute relation sexuelle avec ses deux premières accusatrices et fustige une « campagne de calomnies », avait invoqué sans succès son état de santé pour être libéré.



Une expertise médicale très attendue, déposée mercredi 18 avril chez les juges d’instruction, confirme que Tariq Ramadan souffre d’une sclérose en plaques mais son traitement médical « n’est pas incompatible » avec sa détention provisoire. L’homme « souffre d’une sclérose en plaques depuis 2006, diagnostic considéré comme certain », concluent les médecins dans leur rapport.

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« La prise en charge actuelle (...) n’est pas incompatible avec la détention. Toutefois les experts insistent sur le fait que Tariq Ramadan, s’il restait en détention, devra continuer à bénéficier de l’accès aux soins », notamment de son traitement médicamenteux et de ses quatre séances de kinésithérapie hebdomadaire, écrivent-ils encore.

« Le stress peut majorer les symptômes »

L’intellectuel musulman, disant souffrir d’une sclérose en plaques et d’une neuropathie, avait dès le début contesté son incarcération, mais le 22 février, la cour d’appel de Paris avait validé son maintien sous écrou, au grand dam de ses soutiens qui, depuis, ne cessent de dénoncer une « injustice ».

Selon le rapport rendu mercredi, le diagnostic de la sclérose en plaques, posé au Qatar en novembre 2014 puis à Londres en 2016, a été confirmé à Paris « en mars 2018 à l’hôpital de la Salpêtrière par deux neurologues d’une compétence reconnue ». « Il n’y a pas eu de poussée de la maladie » récente, notent-ils, affirmant que « le stress peut majorer les symptômes ».

En revanche, selon ces experts, aucun argument « ne permet de retenir le diagnostic de neuropathie périphérique des membres inférieurs » alléguée par Tariq Ramadan. Selon sa femme, il se rend au parloir de sa prison en fauteuil roulant. Relevant « un état dépressif réactionnel à la détention », les médecins estiment que les maux de tête et la perturbation de la marche dont se plaint l’intellectuel sont « très probablement » des troubles physiques liés à « sa situation actuelle ». Après s’être plaint de ces symptômes, il a été hospitalisé au moins deux fois depuis son incarcération. Mais ses adversaires y voient surtout une comédie pour obtenir sa remise en liberté.

Trois plaintes en France, une en Suisse

Au-delà du volet médical, le dossier judiciaire de Tariq Ramadan s’est encore épaissi. Début mars, une troisième plaignante s’est signalée, affirmant avoir subi de multiples viols entre 2013 et 2014 en France, à Bruxelles et à Londres. Cette Lilloise a décrit dans sa plainte des rapports sexuels très violents sous la contrainte, le plus souvent dans des hôtels en marge des conférences à succès du prédicateur, selon un scénario similaire à celui raconté par les autres plaignantes.

Les enquêteurs analysent les enregistrements audio et les messages qu’elle leur a fournis, ainsi qu’une robe noire tachée de sperme, selon une source proche du dossier. Mercredi, une expertise a été ordonnée par les juges pour vérifier si cette tache correspond à l’ADN de M. Ramadan, a ajouté cette source. Selon Libération, qui pu consulter plusieurs éléments de ce dossier, le prédicateur pourrait changer de ligne de défense concernant cette affaire et admettre une relation sexuelle, selon lui consenti.

En Suisse, une femme a également déposé plainte la semaine dernière contre M. Ramadan, l’accusant de l’avoir violée et séquestrée en 2009 dans une chambre d’hôtel de Genève. Début avril, la justice belge avait également fait savoir que l’accusé avait payé une femme pour qu’elle taise leur « relation ».

La détention de ce petit-fils du fondateur de la confrérie islamiste des Frères musulmans a suscité un vif émoi au sein de la communauté musulmane. Certains ont dénoncé un « deux poids, deux mesures », voire un « complot » contre une des rares figures médiatiques de l’islam européen, accusée par ses détracteurs de fondamentalisme camouflé sous un discours réformiste.

Son étoile avait cependant déjà commencé à pâlir et rares sont les responsables communautaires à avoir affiché leur soutien. Néanmoins, le mouvement des Musulmans de France (ex-UOIF) a marqué les esprits fin mars quand son président, Amar Lasfar, a exprimé l’espoir que Tariq Ramadan, dont la « pensée reste intacte », soit bientôt « libéré » de prison et « blanchi ».

Affaire Tariq Ramadan : Henda Ayari demande « une protection policière d’urgence »

Première femme à avoir porté plainte à visage découvert contre l’islamologue Tariq Ramadan, le 20 octobre, Henda Ayari demande « une protection policère d’urgence », se disant « à bout », dans un entretien mercredi à l’hebdomadaire Marianne. auquel elle raconte ses derniers jours de calvaire à Paris, « où, entre cambriolages et dépôts de plainte, elle a sérieusement songé à tout arrêter ».

Ayant eu sa voiture cambriolée dans la nuit de samedi à dimanche, Henda Ayari s’est retrouvée « sans argent, sans papiers, sans vêtements, avec seulement mon téléphone ». Après avoir voulu porter plainte dans un premier commissariat, elle a été renvoyée sur un autre commissariat qui a finalement accepté de prendre sa plainte.

« Je leur ai tout raconté : ce que contenait ma voiture, la perte de mes papiers, de mon argent… J’étais en panique, épuisée, ne sachant pas où dormir, sans argent. » A l’issue de l’entretien, elle demande à être raccompagnée jusqu’à sa voiture : « je n’ai pas un centime et je ne veux pas prendre le métro car on m’y reconnaît trop facilement. “Non, vous y allez toute seule, on n’a pas d’équipe, là”, me rétorquent-ils. »

« Terriblement vulnérable »

Lundi matin, Henda Ayari reçoit l’appel d’un commissaire qui s’excuse de l’accueil qu’elle a reçu, lui assurant : « Vous êtes prise en charge, maintenant, nous allons vous accompagner. »  Mardi matin, une partie de ses affaires sont retrouvées chez un des deux hommes en garde à vue au commissariat de Stains...

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